Érosions superficielles

Une érosion correspond à la disparition de la surface originelle de la pierre et conduit à des contours émoussés ou déformés.
Les formes d'érosion qui affectent les pierres mises en œuvre sont d'origine physico-chimique (liées à la présence d'eau et de sels solubles ou à des produits de nettoyage trop agressifs), mécanique (vent, abrasion accidentelle, nettoyage mécanique) ou biologique (dissolution partielle de la pierre par les acides organiques secrétés par les organismes vivants). L'érosion due à l'eau et au vent est un processus de dégradation "normal" de la pierre, accentué par les conditions d'exposition sur les bâtiments (multiplication des surfaces exposées et des angles).

La Pierre Jaune étant naturellement très bien cimentée, sa résistance mécanique est excellente ; de plus ses structures de porosité sont telles que la quantité d'eau qui peut la pénétrer par capillarité est très faible et que cette eau ne peut généralement atteindre qu'une profondeur très restreinte. Par conséquent, les formes d'érosion physico-chimique qui l'affectent (érosion différentielle, alvéolisation, désagrégation) sont ordinairement très superficielles. Parmi les abrasions mécaniques, les érosions anthropiques délibérées, généralisées et répétitives (telles que celles engendrées par les nettoyages des parements) méritent un contrôle sérieux et soutenu.

Abrasion mécanique

​Origine

​L'abrasion mécanique se traduit par une perte de matière - et souvent une augmentation de rugosité - suite à une action mécanique. Ces dégâts sont fréquemment d’origine anthropique, mais ils peuvent aussi apparaître naturellement sur les façades les plus exposées aux pluies et aux vents.

Relation avec la pierre

Les principales abrasions mécaniques observées sur la Pierre Jaune sont dues aux nettoyages des façades, souvent trop agressifs : les Neuchâtelois acceptent mal de voir la Pierre Jaune se noircir, ou être recouverte de graffitis. En conséquence, divers nettoyages sont pratiqués de plus en plus fréquemment et bien souvent de manière incontrôlée. Ces nettoyages entraînent une abrasion relativement superficielle mais généralement accompagnée de pertes de matière irrémédiables (disparition des traces d'outil, émoussement des parties sculptées et des angles) ainsi que de l'augmentation de la rugosité de surface (suivant les hétérogénéités de la pierre, les parties les plus tendres sont sur-creusées par rapport aux parties les plus dures). Cette augmentation de rugosité peut déboucher sur une accélération de l'encrassement et par suite provoquer l'augmentation du nombre de nettoyages successifs (cf. étude détaillée).

 

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Neuchâtel, Rue du Seyon 9 - 2009
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Neuchâtel, Rue du Temple Neuf - 2009

 

 

Érosion différentielle

​Origine

L'érosion différentielle est une érosion qui apparaît avec une intensité variable sur différents secteurs du matériau. Cette différence d'intensité est due aux variations de la structure du matériau : l'érosion différentielle souligne très souvent l'hétérogénéité de la structure originale. Certaines roches sédimentaires et volcaniques sont particulièrement sujettes à ce type d’altération.

Relation avec la pierre

L'érosion différentielle qui apparaît sur la Pierre Jaune de Neuchâtel accompagne généralement des problèmes liés à la cristallisation de sels solubles, processus qui favorise une érosion rapide. La désolidarisation des grains, provoquée par les cristallisations de sels, affecte préférentiellement les strates les plus fines et plus tendres, qui sont érodées, tandis que les strates plus grossières et plus dures restent en relief.

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Neuchâtel, Château, porche d'entrée - 2009
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Neuchâtel, Fbg de l'Hôpital 137 - 2009
 

Alvéolisation​

Origine​

L'alvéolisation se traduit par la formation de cavités (alvéoles) à la surface de la pierre, de forme et de taille variables et parfois interconnectées. Elle se manifeste préférentiellement sur des matériaux fortement poreux.

​Relation avec la pierre

Ce type d'altération, commun aux grès, aux calcaires et à tout autre matériau de maçonnerie non homogène, est une sorte d'érosion différentielle qui apparaît sur les surfaces exposées aux vents forts, où l'évaporation des sels se produit en dessous de la surface, la creusant progressivement. Il semble aussi que certains faciès de Pierre Jaune soient plus propices à l'alvéolisation que d'autres, comme celui mis en œuvre dans le village de Cressier (NE).
​L'érosion différentielle qui apparaît sur la Pierre Jaune de Neuchâtel accompagne généralement des problèmes liés à la cristallisation de sels solubles, processus qui favorise une érosion rapide. La désolidarisation des grains, provoquée par les cristallisations de sels, affecte préférentiellement les strates les plus fines et plus tendres, qui sont érodées, tandis que les strates plus grossières et plus dures restent en relief.

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Cressier, Rue Vallier, 5 - 2009
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Neuchâtel, collégiale, contrefort sud - 2002

 

Désagrégation​

​Origine

La désagrégation est un état avancé de décohésion, caractérisé par le détachement de fragments de pierre, grains ou cristaux sous la plus légère stimulation mécanique. Elle implique une diminution considérable de la résistance mécanique originelle et une augmentation notable de la porosité.

​Relation avec la pierre

La désintégration peut se produire à la surface ou à l'intérieur d'un matériau (perte de cohésion) ou à l'interface entre deux matériaux censés être joints entre eux (perte d'adhérence).
Dans le cas de la Pierre Jaune, la désagrégation est très rare. Elle apparaît en général sous des croûtes ou des exfoliations : pendant un certain temps, des cycles de cristallisation/dissolution de sels solubles sous la surface provoquent la décohésion - ou la désagrégation - de la subsurface de la pierre. Avec le temps, la croûte ou l'exfoliation tombe, la pierre désagrégée est mise à nue et la désagrégation continue sa progression. Ce type de désordre peut, à terme, provoquer d'importantes pertes de matières.

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Neuchâtel, Château, aile romane - 2002​
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Neuchâtel, rue de la Promenade Noire 3 - 2002