Nicolas Merlotti, ingénieur cantonal et chef du SPCH
Qui êtes-vous ?
Nicolas Merlotti, ingénieur cantonal et chef du service des ponts et chaussées (SPCH).
Quel a été votre parcours professionnel?
J'ai d'abord travaillé 5 ans dans un bureau privé neuchâtelois spécialisé en travaux souterrains (essentiellement les tunnels), bureau aujourd'hui disparu, avant de rejoindre le service des ponts et chaussées (SPCH) en tant qu'ingénieur systèmes. Cette fonction nouvellement créée s'est très vite transformée en une traditionnelle fonction de chef de projets et travaux vu la montée en puissance de la réalisation de la N5 dans la seconde moitié des années 1990. En l'occurrence, je me suis occupé des projets et travaux de la route nationale entre Areuse et La Raisse (après Vaumarcus, sur territoire vaudois) pendant 10 ans. J'ai ensuite été nommé ingénieur cantonal, une fonction que j'occupe depuis plus de 16 ans.
Quelle est votre formation?
Après le bac, j'ai rempli mes obligations militaires pendant 9 mois avant d'entamer un cursus en sciences économiques à Neuchâtel, domaine que j'ai abandonné après 3 semaines seulement pour rejoindre la faculté de théologie (par conviction). J'ai néanmoins abandonné (pour diverses raisons) cette formation après 2 ans riches en découvertes et j'ai passé une année à travailler comme manœuvre dans une entreprise de menuiserie-charpente. C'est cette expérience qui m'a ouvert le chemin de la construction et poussé à commencer une formation d'ingénieur civil à l'EPFL : quatre années d'intenses études couronnées par un diplôme d'ingénieur avec spécialisation dans le domaine routier.
Quelles sont les tâches/les missions rattachées à votre fonction?
Les tâches d'un chef de service consistent essentiellement en coordination et gestion, accompagnées d'un regard d'expertise pour ce qui concerne les nombreux aspects métier à charge du service. C'est une fonction passionnante et très diversifiée qu'on ne peut assumer qu'en étant entouré de personnes compétentes et efficaces dans la conduite de leurs collaboratrices et collaborateurs, en sus du pilotage de projets parfois/souvent complexes, chose dont j'ai la chance de disposer !
Quels sont vos principaux défis professionnels actuels?
Le service des ponts et chaussées étant essentiellement en charge de ce qui concerne les routes cantonales (ouvrages compris), les cours d'eau cantonaux et la géologie, les défis sont multiples. Les projets que nous devons réaliser sont coûteux, quel que soit le domaine considéré, ce qui n'est pas facile à intégrer dans le budget de l'État dans des périodes comme celle que nous vivons actuellement.
D'autre part, la composante socio-politique joue un grand rôle au niveau des routes autant que des cours d'eau et de la géologie, puisque le premier domaine n'est pas très porteur auprès des personnes particulièrement sensibles aux questions environnementales, qui oublient parfois que les routes ne servent pas qu'à acheminer des voitures, mais aussi les transports d'approvisionnement commercial et économique (les produits que nous trouvons dans les commerces et les matériaux dont les entreprises ont besoin pour leur production), les transports publics et les deux-roues !
Quant aux domaines touchant à la nature (eau et géologie), ils sont aussi sensibles en regard des changements climatiques qui conduisent de plus en plus souvent à des crues ou des éboulements.
Et les enjeux liés à la restauration des fonctions naturelles des cours d'eau et des rives des lacs, les revitalisations, ne sont pas en reste. Les projets en la matière touchent des centaines de mètres de rives ou de berges bordées de riverains et/ou agriculteurs, ainsi que de milieux sensibles qu'il faut préserver. Tant le développement des projets que la communication et la réalisation des travaux sont des tâches complexes où la sensibilité des responsables doit être d'un niveau très élevé pour ne pas se trouver dans des situations de blocage.
Comment se déroule votre journée/votre semaine type?
Il n'y a pas de journée/semaine type. Une des caractéristiques principales d'une telle fonction réside justement dans le fait qu'il faut être disponible pour entreprendre des nouvelles démarches non planifiées, résoudre des problèmes imprévus, anticiper des situations potentiellement délicates mais toujours différentes. Il n'y a aucune répétition. Si on voulait parler d'un schéma type, on pourrait le faire sur l'année, rythmée par les comptes et les budgets … c'est bien la seule chose qui se répète !
Qu'est-ce que vous préférez dans votre travail?
J'aime particulièrement avoir le sentiment que les gens qui m'entourent vont bien, se plaisent dans leur travail, peuvent mettre à profit leurs compétences sans être entravés par trop d'obstacles inutiles (administratifs, techniques, relationnels, …). Ce n'est que de cette manière que nos missions pourront être menées avec un résultat à la hauteur de ce que la population attend.
Dans ce sens, mon rôle consiste à éviter autant que possible que mes collaboratrices et collaborateurs doivent s'occuper de problèmes qui sortent de leur sphère d'activité et soient soumis à un parasitage démotivant. La dynamique des équipes est très importante ; quand elle est bonne, il ne faut pas la casser, tout en veillant à ce qu'elle ne crée pas une bulle qui coupe l'équipe de ce qui l'entoure.
Arriver à instaurer un climat positif est un combat de tous les instants, une bombe peut exploser à n'importe quel moment : une personne mécontente ou problématique (à l'interne ou à l'externe), le dérapage d'un projet ou d'un chantier (délais, finances), un accident de travail, un outil technique inadapté, … sont autant de sujets qui peuvent épuiser une ou plusieurs personnes.
Un très bon souvenir dans le cadre de votre travail?
Les ouvertures des différents tronçons autoroutiers auxquelles j'ai eu l'occasion de participer bien sûr… arriver au bout d'un chantier et voir le trafic circuler sur une route et dans des ouvrages à la conception et à la construction desquels on a participé est un contentement rare. C'est d'ailleurs aussi vrai pour des plus petits ouvrages, tels des ponts assainis ou des tronçons de cours d'eau revitalisés.
À égalité, je peux mentionner les nombreuses et riches relations que j'ai eu l'occasion d'avoir au niveau des projets et des chantiers, avec des mandataires et des entreprises, sur de longues durées où on finit par très bien se connaître. D'une certaine manière, le monde de la construction est un monde à part et je regrette parfois de n'y être plus que peu présent, même si j'apprécie beaucoup les relations que j'ai dans les autres milieux (administratifs et politiques) que je fréquente le plus souvent.
Un lieu que vous aimez particulièrement dans le canton?
Les montagnes … et le lac ! J'ai grandi au bord du lac (en ville de Neuchâtel), mais j'aime énormément les hauteurs du canton, les paysages de notre Jura neuchâtelois, les fermes neuchâteloises typiques de nos vallées. Il y a tellement de beaux endroits dans chaque coin du canton qu'il me serait difficile d'en retenir un particulier. C'est d'ailleurs le reflet de ce qu'un ami étranger m'a dit il y a quelques années «C'est magnifique ici, vous devez vous sentir en vacances tout le temps en habitant dans cette région» !
Une citation qui vous inspire?
J'aime beaucoup de citations de Winston Churchill. Il connaissait la vie, la vraie, celle qui n'est pas théorique et faite de «yaka». Par exemple : «Pour s'améliorer, il faut changer. Donc pour être parfait, il faut avoir changé souvent» … c'est un appel à oser se remettre en question et à ne pas s'accrocher à des mécanismes ou des réflexes contre-productifs. Ou «On gagne sa vie avec ce que l'on reçoit, mais on la bâtit avec ce que l'on donne», qui est un appel à donner, à faire profiter les autres de ce qu'on a, pas seulement en argent d'ailleurs!
Quelle personnalité/personne admirez-vous et pourquoi?
Je n'ai pas un nom particulier que je pourrais citer, mais un caractère qui m'interpelle particulièrement : les personnes que j'admire le plus sont celles qui consacrent leur temps à ceux qui en ont besoin, qui se battent pour plus de justice … sans rejeter ceux qui ne sont pas comme eux. Une personne de ce genre que je pourrais citer en exemple, ce serait Martin Luther King, qui a été à l'origine d'une révolution menée sans concessions, mais de manière inclusive et essentiellement non-violente et respectueuse.