Commentaire trimestriel

 

Vents frais et horizon assombri

Novembre 2024​ - Olivier Crevoisier - Professeur d'économie territoriale - Université de Neuchâtel

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International et national

Selon le SECO, l'économie suisse a encore progressé faiblement (+0,5 % après correction concernant les événements sportifs) au deuxième trimestre 2024, soutenue par le seul secteur de la pharma. Cependant, la situation pourrait se détériorer car on ne voit pas d'où soufflerait un vent favorable. La Chine traverse une crise structurelle. Malgré les progrès réalisés en 2024 dans la gestion de la dette et du secteur immobilier, son modèle de croissance et de développement est en panne. À la fin des années 1990, la Chine s'est lancée dans le développement de son économie intérieure, ouvrant d'importants marchés, tant en volumes absolus qu'en taux de croissance, fournissant ainsi un extraordinaire relais de croissance pour les exportateurs suisses, notamment l'horlogerie et les machines. Aujourd'hui, avec en septembre une chute des ventes de montres suisses de 49,7 % envers la Chine et de 34,6 % envers Hong-Kong (selon la FH), on voit que cette époque arrive progressivement à son terme, obligeant les exportateurs à explorer de nouveaux débouchés.

L'Inde tarde à rejoindre le cercle des grands importateurs capables de tirer la conjoncture mondiale. Le défi reste de diffuser le pouvoir d'achat vers les classes moyennes et populaires, ce qui prendra du temps, et le traité de libre-échange signé en mars n'aura pas d'impacts immédiats. Quant aux autres BRICS (Brésil, Indonésie, Russie, Afrique du sud), aucun n'est en position de réorienter la conjoncture mondiale.

Côté européen, l'UE s'embourbe dans ses contradictions. La crise s'intensifie et paradoxalement plusieurs importants pays membres, comme la France, se voient contraints de couper dans leurs dépenses publiques en raison des critères de Maastricht ou pour l'Allemagne à cause du frein à l'endettement. Des réformes plus profondes (défense, politique monétaire, transition énergétique et écologique, etc.) semblent nécessaires pour éviter un décrochage du continent à moyen terme.

Aux États-Unis, les déclarations sont contradictoires. Bien que traditionnellement dépensiers, les républicains, sous la direction de M. Trump, annoncent vouloir restructurer l'État et en finir avec l'époque libre-échangiste.

Sur le plan monétaire, le franc suisse reste fort. Parmi les rares bonnes nouvelles figurent la maîtrise de l'inflation et la tendance des grandes banques centrales à baisser les taux. Ce cycle de détente monétaire pourrait stimuler un secteur immobilier actuellement stagnant.

En matière d'énergie, l'incertitude demeure en raison des conflits au Moyen-Orient et en Ukraine. Les cours sont certes raisonnablement bas, mais tout peut changer rapidement.

Dans ce contexte, les entreprises suisses se montrent plus pessimistes, soulignant que le principal problème est bien une insuffisance de la demande. D'autres facteurs, comme la pénurie de main-d'œuvre ou d'équipements, ou encore la désorganisation des chaînes de valeurs sont aujourd'hui sous contrôle. Plus préoccupant, les entreprises estiment que leur position concurrentielle sur les marchés européens et mondiaux s'est significativement affaiblie cette année.

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Neuchâtel

Le canton de Neuchâtel, dépendant des industries exportatrices (machines, horlogerie, équipements industriels), est d'ores et déjà touché par le ralentissement des grands marchés importateurs. Le canton est généralement affecté par les changements conjoncturels avant le reste de l'économie suisse. L'orientation est clairement plus négative que dans le reste du pays. Ainsi, les entrées de commandes sont estimées par les entreprises à la baisse pour le cinquième mois consécutif. L'horlogerie fait face à des défis structurels et conjoncturels : le modèle des années nonante, basé sur la demande haut de gamme des nouvelles classes aisées des BRICS, s'essouffle avec l'entrée en crise de ces pays, notamment de la Chine. Pour le secteur des machines et l'industrie en général, les indicateurs avancés (entrées de commandes, marche des affaires) sont en baisse.

Sur le marché du travail, cette conjoncture pèse, entraînant une dégradation des indicateurs (chômage, chômage de longue durée, frontaliers, places vacantes). Toutefois, l'emploi se maintient encore à un haut niveau.

Les prix se maintiennent dans le secteur immobilier bien que les nouvelles constructions et les transactions stagnent à un niveau extrêmement bas. Dans le bas du canton, de nouveaux logements continuent à être livrés sur le marché dans un contexte de demande faible. Selon Wust et Partner, la situation dans le canton de Neuchâtel reste relativement équilibrée. Cependant, la baisse des taux n'incite toujours pas les ménages à investir. Une légère baisse des prix pourrait-elle finalement les encourager à acheter ?

Bien que le tourisme ait un poids limité dans le canton de Neuchâtel, il affiche une tendance positive, avec une légère augmentation des nuitées, y compris des visiteurs étrangers, année après année.


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