Selon le SECO, l'économie suisse a encore progressé faiblement (+0,5 % après correction concernant les événements sportifs) au deuxième trimestre 2024, soutenue par le seul secteur de la pharma. Cependant, la situation pourrait se détériorer car on ne voit pas d'où soufflerait un vent favorable. La Chine traverse une crise structurelle. Malgré les progrès réalisés en 2024 dans la gestion de la dette et du secteur immobilier, son modèle de croissance et de développement est en panne. À la fin des années 1990, la Chine s'est lancée dans le développement de son économie intérieure, ouvrant d'importants marchés, tant en volumes absolus qu'en taux de croissance, fournissant ainsi un extraordinaire relais de croissance pour les exportateurs suisses, notamment l'horlogerie et les machines. Aujourd'hui, avec en septembre une chute des ventes de montres suisses de 49,7 % envers la Chine et de 34,6 % envers Hong-Kong (selon la FH), on voit que cette époque arrive progressivement à son terme, obligeant les exportateurs à explorer de nouveaux débouchés.
L'Inde tarde à rejoindre le cercle des grands importateurs capables de tirer la conjoncture mondiale. Le défi reste de diffuser le pouvoir d'achat vers les classes moyennes et populaires, ce qui prendra du temps, et le traité de libre-échange signé en mars n'aura pas d'impacts immédiats. Quant aux autres BRICS (Brésil, Indonésie, Russie, Afrique du sud), aucun n'est en position de réorienter la conjoncture mondiale.
Côté européen, l'UE s'embourbe dans ses contradictions. La crise s'intensifie et paradoxalement plusieurs importants pays membres, comme la France, se voient contraints de couper dans leurs dépenses publiques en raison des critères de Maastricht ou pour l'Allemagne à cause du frein à l'endettement. Des réformes plus profondes (défense, politique monétaire, transition énergétique et écologique, etc.) semblent nécessaires pour éviter un décrochage du continent à moyen terme.
Aux États-Unis, les déclarations sont contradictoires. Bien que traditionnellement dépensiers, les républicains, sous la direction de M. Trump, annoncent vouloir restructurer l'État et en finir avec l'époque libre-échangiste.
Sur le plan monétaire, le franc suisse reste fort. Parmi les rares bonnes nouvelles figurent la maîtrise de l'inflation et la tendance des grandes banques centrales à baisser les taux. Ce cycle de détente monétaire pourrait stimuler un secteur immobilier actuellement stagnant.
En matière d'énergie, l'incertitude demeure en raison des conflits au Moyen-Orient et en Ukraine. Les cours sont certes raisonnablement bas, mais tout peut changer rapidement.
Dans ce contexte, les entreprises suisses se montrent plus pessimistes, soulignant que le principal problème est bien une insuffisance de la demande. D'autres facteurs, comme la pénurie de main-d'œuvre ou d'équipements, ou encore la désorganisation des chaînes de valeurs sont aujourd'hui sous contrôle. Plus préoccupant, les entreprises estiment que leur position concurrentielle sur les marchés européens et mondiaux s'est significativement affaiblie cette année.