La Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP) a présenté aujourd'hui les résultats de la 3e enquête nationale COFO portant sur les compétences fondamentales des élèves de 11e année en langues. Globalement, Neuchâtel suit les tendances observées au niveau national ou romand : les jeunes Neuchâteloises et Neuchâtelois ont, en français, plus de facilité en lecture qu'en orthographe et comprennent mieux l'allemand et l'anglais à l'oral qu'à l'écrit. Toutefois, certains résultats méritent une attention particulière et la prise de mesures d'amélioration.
Le canton de Neuchâtel participe, avec un échantillon de près de 600 élèves, aux tests nationaux organisés depuis 2016 par la CDIP dans l'ensemble de la Suisse. Ces enquêtes évaluent le degré d'harmonisation entre les systèmes scolaires cantonaux en mesurant les compétences des élèves dans plusieurs disciplines. Ces épreuves nationales ont pour objectif d'examiner régulièrement les compétences des élèves en langue de scolarisation, en mathématiques, en langues étrangères et en sciences de la nature à la fin des cycles 1, 2, et 3. En 2023 et pour les élèves de 11e année en Suisse romande, l'enquête portait sur les langues, c'est-à-dire sur la compréhension de l'écrit et l'orthographe en français, ainsi que sur la compréhension orale et écrite en allemand et en anglais.
Résultats mitigés en français
En lecture, respectivement en compréhension écrite en français, les élèves neuchâtelois-es se situent au-dessus de la moyenne nationale : 83% ont démontré les compétences attendues dans ce domaine. Ce résultat tend à indiquer que les moyens investis par le canton pour promouvoir la lecture tout au long de la scolarité portent leurs fruits.
Cependant, si les résultats en lecture dépassent la moyenne nationale, les résultats en orthographe interrogent. En effet, dans le domaine testé en orthographe, les élèves neuchâtelois-e-s enregistrent le taux de réussite le plus bas (36%). Si aucun canton romand ne dépasse les 50%, le résultat du canton de Neuchâtel doit être pris au sérieux et appelle à la mise en place de mesures pour améliorer les compétences des élèves dans ce domaine (cf. perspectives).
Un travail à poursuivre en allemand
Les élèves du canton atteignent les compétences fondamentales en compréhension orale en allemand à hauteur de 51%, alors que ce taux est de 46% pour la compréhension écrite. Ces deux résultats sont légèrement en deçà de la moyenne des cantons romands, ce qui dénote la nécessité de poursuivre le déploiement de l'enseignement de l'allemand par immersion (PRIMA/ANIMA) notamment.
Trois quarts des élèves atteignent les objectifs à l'oral en anglais
Comme en allemand, les élèves du canton sont plus nombreux et nombreuses à comprendre l'anglais à l'oral qu'à l'écrit. Cette différence reflète les choix opérés au niveau romand en matière d'apprentissage des langues étrangères. En effet, depuis l'introduction du Plan d'études romand (PER), l'accent est d'abord mis sur l'acquisition de compétences orales, directement mobilisables dans la vie courante.
En anglais, les trois quarts des élèves neuchâtelois-es comprennent un message à l'oral (74%) ; cette proportion atteint 64% en compréhension écrite. Ces taux sont positifs, mais l'attention reste de mise dès lors qu'ils se situent dans les deux cas en dessous de la moyenne suisse.
Caractéristiques de la population cantonale
L'enquête COFO analyse aussi les résultats 2023 sous l'angle de quatre facteurs individuels connus pour influencer les performances scolaires des élèves : le genre, l'origine sociale, la langue parlée à la maison et le statut migratoire.
Sous l'angle de l'origine sociale, au niveau national, la proportion d'élèves atteignant les compétences fondamentales diffère entre les quartiles d'origine sociale dans presque tous les domaines de compétences. Il ressort de l'enquête COFO que le canton de Neuchâtel a une proportion d'élèves socialement défavorisé-e-s inférieure à la moyenne nationale.
Quant à la langue parlée à la maison dans le canton de Neuchâtel, 46% des élèves parlent uniquement le français, 40% parlent le français ainsi qu'une ou plusieurs autres langues et 14% parlent uniquement une autre langue que le français. Ces chiffres sont dans les moyennes nationales. Comme au niveau national, la proportion d'élèves neuchâtelois-es atteignant les compétences fondamentales diffère entre les élèves qui parlent uniquement la langue de scolarisation à la maison et celles et ceux qui parlent au moins une autre langue à la maison et ce dans tous les domaines de compétences. Par contre, au niveau cantonal, les élèves allophones atteignent le même niveau que leurs camarades francophones à l'oral en allemand et en anglais.
Finalement, s'agissant du statut migratoire, 62% des élèves ne sont pas issu-e-s de la migration, 22% sont issu-e-s de la 2e génération et 16% de la 1re génération. Ces chiffres se situent dans les moyennes nationale et romande. Une différence significative est constatée au niveau national entre les élèves non issu-e-s de la migration et l'ensemble des élèves issu-e-s de la migration. En revanche, au niveau cantonal, les différences d'atteinte des objectifs se trouvent davantage entre les élèves non issu-e-s de la migration et les élèves issu-e-s de la 2e génération d'une part et d'autre part les élèves issu-e-s de la 1re génération.
Perspectives
Ces résultats appellent à prendre des mesures pour renforcer les compétences de base des jeunes Neuchâtelois-es. L'objectif de l'école obligatoire reste en effet de préparer les élèves à s'insérer dans les formations subséquentes et, de manière générale, dans la société.
Les mesures d'amélioration seront mises en œuvre selon un plan d'action en cours d'élaboration au sein du service de l'enseignement obligatoire et qui sera discuté avec les autorités scolaires communales et/ou intercommunales ainsi qu'avec les directions d'écoles. Dans le domaine de la langue allemande, il s'agira d'accélérer le déploiement de PRIMA/ANIMA. En français, de nouveaux moyens d'enseignement romands, qui proposent notamment des activités pour l'enseignement de l'orthographe, sont en cours de déploiement. En complément, il est envisagé, par exemple, de recommander l'organisation d'une « semaine de la dictée » dans tous les établissements scolaires. Celle-ci comporterait des rituels quotidiens, des dictées intelligentes, de la réflexion grammaticale en contexte et des activités ludiques qui permettraient aux élèves d'expliquer leurs choix orthographiques et de se poser les bonnes questions. Il conviendra également de mettre en place des indicateurs permettant de mesurer les effets des actions entreprises.
Photo: près de 600 élèves du canton ont participé aux tests nationaux COFO portant sur les compétences fondamentales en langues (crédit: Priscilla Krebs, Cercle scolaire du Val-de-Ruz).
Résultats de l'enquête COFO 2023 : site de la CDIP