Étude sur le potentiel de bois-énergie du canton de Neuchâtel

07.06.2024

Le canton de Neuchâtel a commandé début 2023 une étude visant à déterminer le potentiel restant de bois-énergie valorisable dans l'ensemble des forêts du canton. Les résultats de cette étude menée par l'association Énergie-bois suisse montrent clairement que le canton a largement développé ses capacités de chauffage au bois-énergie au cours des dernières années. Actuellement, le potentiel de bois énergie cantonal est utilisé presque à son maximum, un solde de quelques milliers de m3 restant encore à valoriser.

Dans le contexte actuel de décarbonation et de pénurie d'énergie, il est indispensable d'utiliser toute forme d'énergie de manière économe et efficace, d'autant plus lorsqu'elle est renouvelable. À ce propos, le bois est une source d'énergie locale et renouvelable qui permet de garantir de nombreux emplois décentralisés en ne rejetant dans l'atmosphère que du CO2 qui en a été extrait par l'action de la photosynthèse des arbres en croissance. Son bilan carbone est donc considéré comme neutre.

Actuellement, à l'instar d'autres cantons, la promotion du bois-énergie auprès des consommateurs et consommatrices neuchâtelois-e-s a porté ses fruits. Une tendance claire à la recherche de solutions de chauffage et de production de chaleur axées sur ce matériau est existante. Qu'il s'agisse de bois bûches, en plaquettes forestières (bois déchiquetés) ou en pellets, le bois énergie est convoité sous toutes ses formes. Des projets d'envergure ont vu le jour ces dernières années avec l'installation de chauffages à distances alimentés aux bois dans plusieurs localités. Parallèlement et sous l'impulsion d'incitations efficaces, de nombreux particuliers sont passés d'une chaudière à mazout à une chaudière alimentée aux pellets ou aux plaquettes forestières.

Cette dynamique est à saluer. Elle arrive toutefois à ses limites s'agissant des forêts du canton. Compte tenu du cadre fixé par le droit fédéral et cantonal, les boisés de notre pays ne risquent pas la surexploitation. Nos forêts sont en effet gérées selon les principes d'une sylviculture proche de la nature et en grande majorité certifiées FSC et PEFC. De plus, la politique forestière et du bois vise à une utilisation en cascade de ce matériau. Idéalement, seuls les assortiments de faible qualité, les bois de déconstruction ou les résidus de sciage devraient être valorisés sous forme de bois-énergie.

Au vu des résultats de cette étude, le développement de nouvelles grandes installations doit en particulier être considéré avec prudence. Actuellement plusieurs projets sont à l'étude. S'ils se réalisaient tous, ils dépasseraient les capacités de production de la forêt neuchâteloise. Il est dès lors de la responsabilité de l'État de rendre chacune et chacun attentif-ve au fait que cette forme d'énergie n'est plus localement disponible d'une manière illimitée et que si un projet poursuit son développement en tablant sur le bois, ses initiateur-trice-s doivent au préalable sécuriser leurs sources d'approvisionnement. Sur la base de cette étude, une discussion stratégique est maintenant engagée au sein des services du DDTE en partenariat avec les représentant-e-s de la branche pour orienter les futurs grands projets en compatibilité avec les impératifs de gestion durable de la forêt.  Le fruit de ces travaux – sous forme de mesures – sera communiqué à l'automne.

Il devient donc crucial de diversifier les sources d'énergie renouvelable et de valoriser les rejets de chaleur afin de limiter, là où c'est possible, notre dépendance au bois. C'est en utilisant la bonne énergie en fonction du lieu et des ressources disponibles que l'on peut contribuer à assurer pour l'avenir un approvisionnement énergétique suffisant, stable au niveau des prix et respectueux de l'environnement.

Pour le Conseil d'État, il est important de poursuivre une politique énergétique intelligente et responsable. Utiliser la bonne énergie au bon endroit, assainir prioritairement l'enveloppe des bâtiments en les isolant, améliorer l'efficience des installations participent à la garantie d'un approvisionnement énergétique durable et à la maximisation de l'usage du potentiel bois-énergie de notre canton. Les services de l'État en charge de l'énergie et des forêts sont à la disposition des entreprises et des particuliers qui s'interrogent sur la pertinence d'opter pour un chauffage au bois lorsque leur installation actuelle ou un nouveau projet est à l'étude.


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