La section Archéologie de l'office du patrimoine et de l'archéologie du Canton de Neuchâtel (OPAN) réalise jusqu'à fin mars des investigations archéologiques sur la station néolithique de Treytel, située dans la baie de Bevaix. Dans la continuité des opérations subaquatiques entreprises entre 2019 et 2022, cette campagne est menée en partenariat étroit avec le Service archéologique de l'État de Fribourg et la Fondation Octopus.
Durant deux semaines, une équipe, composée d'une douzaine d'archéologues et de plongeurs, se concentre sur l'ouverture au cœur du site de deux fenêtres de 32 m2, suivie du dégagement et de la documentation des vestiges archéologiques conservés
in situ. Cette opération revêt un double objectif, alliant protection patrimoniale et acquisition de nouvelles connaissances scientifiques.
Comme nombre de sites archéologiques immergés dans le lac de Neuchâtel, celui de Treytel, connu depuis le milieu du 19e siècle, est exposé aux phénomènes d'érosion lacustre ; en atteste l'apparition progressive de vestiges, en dépit de la présence d'une couverture naturelle de sables et de galets. Ainsi, il s'agit d'évaluer l'état de conservation de ce gisement et de définir les mesures à mettre en œuvre afin d'en assurer l'intégrité.
En outre, cette vaste station - explorée partiellement à plusieurs reprises entre 1857 et 1921 – a livré un abondant corpus d'objets archéologiques, dont l'examen avait permis de le rattacher à quatre phases culturelles distinctes et
a
fortiori à au moins autant de villages, successivement établis dans cette zone de la baie de Bevaix, entre la première moitié du 4e millénaire et le milieu du 3e millénaire avant notre ère.
Les recherches actuelles - focalisées sur l'horizon d'occupation supérieur - sont l'occasion de réactualiser et de préciser les connaissances, à l'appui de nouveaux questionnements et d'outils technologiques modernes. Elles ont d'ores et déjà permis la découverte exceptionnelle d'éléments architecturaux en bois de chêne, rarement conservés sur les stations lacustres tels que des poutres sablières et des restes de planchers de maisons. Le mobilier archéologique est abondant et varié (outils en silex et en os, récipients en céramique). Enfin, la découverte au sommet de la couche archéologique d'une hache entière (manche en bois et lame en pierre polie) témoigne également de la bonne préservation du site de Treytel, du moins dans les zones explorées lors de cette campagne.
Une fois la documentation scientifique terminée, le site ainsi que les vestiges conservés
in situ seront à nouveau recouverts d'une couche protectrice de galets, afin de garantir leur conservation à long terme.
Cette campagne archéologique menée avec le Service archéologique de l'État de Fribourg et la Fondation Octopus souligne l'importance de mettre en réseau et de mutualiser les compétences et les savoir-faire – techniques, technologiques et scientifiques – en matière de sauvegarde du patrimoine immergé régional.
Photo: fouilles subaquatiques dans la baie de Bevaix (crédit : Fondation Octopus).