Découverte extraordinaire d'un tumulus du Bronze moyen à Colombier

16.10.2013

​Le restaurant "Le Lacustre" à Colombier, aujourd’hui démoli, fera prochainement place à une station-service. Dans cette perspective, les travaux préparatoires à la nouvelle construction, entrepris depuis le mois d’août dernier, ont permis de révéler au grand jour une découverte extraordinaire, soit un ensemble d’au moins trois sépultures datées du Bronze moyen (1660-1300 av. J.-C.) dont la principale a été aménagée au centre d’un tumulus. Ces découvertes viennent confirmer l’importance du site. En effet, en 1876 déjà, un dolmen, tombe collective érigée au Néolithique final (1ère moitié du IIIe millénaire avant notre ère) et comportant près de vingt squelettes, y avait été mis au jour lors de la construction du restaurant! Unique en son genre en terre neuchâteloise, ce monument aujourd’hui reconstitué est visible dans le parc du Laténium.

Parmi les vestiges archéologiques récemment mis au jour sur le site de l'ancien restaurant "Le Lacustre" à Colombier, les plus importants - et les plus spectaculaires - sont ceux d’un tumulus, bien que partiellement détruits lors des travaux de 1876. De ce monument funéraire, à l’origine circulaire (7 mètres de diamètre à sa base) et visible dans le paysage grâce à un tertre de terre aujourd’hui disparu, ce sont à ce jour une sépulture ainsi que ses éléments architecturaux de fondation qui ont pu être observés. La sépulture est probablement celle d’un homme, âgé de plus de 30 ans, paré d’un seul objet d’accompagnement, soit une épingle en bronze retrouvée sur le thorax du défunt et permettant de dater la tombe du début du Bronze moyen (1600 av. J.C). Cette inhumation est entourée d’un amoncellement de grosses pierres, lui-même ceinturé de dalles taillées jointives et verticales, dont la nature et les dimensions suggèrent qu’elles ont fait l'objet d'une "récupération" d’un monument plus ancien tel un dolmen néolithique.

Les inhumations sous tumulus étaient destinées à des individus au rang social élevé – chefs, dignitaires; un statut qui, dans le cas présent, ne se reflète pas par la richesse de la tombe en elle-même, mais indirectement au travers du choix des matériaux, du soin porté à la construction du monument ou encore par l'attrait qu'exerçait ce dernier auprès de plusieurs générations qui ont continué de déposer leurs morts à cet endroit. En effet, deux autres tombes accolées au flanc sud du tumulus ont été mises au jour. La première était probablement celle d'une femme inhumée à la fin du Bronze moyen (vers 1300 av. J.-C.), dotée de plusieurs éléments de parure (perle en ambre, épingles et agrafes en bronze). La seconde, dont la datation reste à préciser, est une petite tombe à incinération recouverte d'un parterre de pierres.

La découverte de tumuli de l'âge du Bronze n'est en soi pas inédite dans le canton de Neuchâtel. On en dénombre plusieurs localisés sur les flancs boisés du Littoral ou encore dans le Val-de-Ruz (découverts entre le 19e et le début du 20e siècle). Ce qui l'est plus, c'est d'en explorer un, qui plus est situé non loin des rives de Neuchâtel et selon des méthodes d'investigations modernes.

Les premiers résultats soulignent en outre l'importance du site comme lieu à vocation funéraire, fréquenté sur plus d'un millénaire du Néolithique à l'âge du Bronze, une continuité exceptionnelle pour ces périodes de la Préhistoire neuchâteloise.