Une trentaine de binômes formés de députées et députés neuchâtelois-e-s et de personnes vivant avec un handicap (PVH), soit près de 60 personnes ont été réuni-e-s ce jeudi 13 juin 2024 pour une session inclusive dans la salle du Grand Conseil neuchâtelois. C'est la première fois qu'un tel événement se tient en Suisse romande. Cette session a permis d'adopter deux pétitions qui demandent que des mesures concrètes soient prises pour garantir l'égalité dans l'accès aux fonctions électives. Elles seront transmises au Grand Conseil pour traitement.
La campagne nationale « Avenir inclusif » a eu lieu du 15 mai au 15 juin 2024 dans toute la Suisse pour célébrer les 10 ans de la ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) et les 20 ans de la Loi fédérale sur l'égalité des personnes handicapées (LHand).
À cette occasion, et pour marquer la clôture de la campagne dans le canton de Neuchâtel, la Commission pour l'inclusion et l'accompagnement des personnes vivant avec un handicap (CIAP), en collaboration avec le bureau du Grand Conseil, ont chargé un comité regroupant deux délégués de la CIAP, le secrétariat général du Grand Conseil et le service d'accompagnement et d'hébergement de l'adulte (SAHA) d'organiser une session inclusive au parlement cantonal.
L'événement a pu compter sur une belle participation des député-e-s qui représentaient toutes les forces politiques de l'hémicycle. Du temps avait été réservé afin que les binômes ou trinômes puissent faire connaissance et tisser une relation privilégiée. Durant une demi-journée, les député-e-s ont accompagné des personnes vivant avec un handicap (PVH), se trouvant ainsi confronté-e-s aux obstacles que celles-ci rencontraient dans leur vie quotidienne.
Durant la session, les personnes vivant avec un handicap ont été « les député-e-s du jour » selon l'expression de la Présidente du Grand Conseil, Madame Mary-Claude Fallet, qui présidait les débats. Soutenues et en discussion avec les élu-e-s avec qui elles formaient leur binôme, les personnes vivant avec un handicap ont débattu de deux pétitions portant sur des mesures concrètes en faveur d'une meilleure accessibilité aux droits politiques. Les deux pétitions ont été présentées en plénum par MM. Pascal Lambiel et Fabien Bertschy, délégués de la CIAP.
Les deux représentants du monde du handicap ont rappelé que, en ratifiant la CDPH en 2014, la Suisse s'est engagée à faire en sorte que les personnes en situation de handicap puissent effectivement et pleinement participer à la vie politique et à la vie publique sur une base égalitaire. Or, force est de constater qu'elles sont encore largement sous-représentées dans le paysage politique alors qu'elles représentent plus de 20% de la population. À ce propos, le récent sondage de Pro Infirmis Suisse, démontrant que c'est dans le domaine de la politique que les personnes en situation de handicap se sentent les plus exclues en Suisse, a été cité en introduction des pétitions.
La question des quotas dans les partis politiques a suscité un débat tout en nuances. Même si beaucoup ont témoigné des obstacles majeurs, voire de l'impossibilité de participer de manière autonome aux votations et aux élections, ils et elles ont préféré des mesures d'encouragement et de formation. Les quotas ont été écartés à une très courte majorité, à une voix près. Hormis ce point, les deux pétitions ont été adoptées à la quasi-unanimité des votant-e-s. À la fin des débats, la crainte que ces pétitions et les débats de la journée d'hier ne restent lettre morte a été évoquée.
La présidente du Conseil d'État et cheffe du Département de l'emploi et de la cohésion sociale (DECS), Madame Florence Nater, a confirmé que les éléments contenus dans les différentes pétitions, notamment la question d'une communication politique accessible, était à l'ordre du jour avec, par exemple, la refonte en cours du site internet de l'État. Elle a rappelé que l'objectif était de faire en sorte que les sessions standards du Grand Conseil soient véritablement inclusives, c'est-à-dire avec des élu-e-s vivant avec un handicap : « Une session extraordinairement inclusive telle que celle-ci, c'est bien. Des sessions ordinairement inclusives telles qu'on les espère rapidement, c'est mieux ! »
Nul doute que cette expérience aura contribué à sensibiliser les élu-e-s aux questions et aux droits des personnes vivant avec un handicap. Plusieurs « député-e-s d'un jour » ont également déclaré être intéressé-e-s à se lancer sur les listes aux prochaines élections.
Plus d'informations sur www.ne.ch/saha
Photo: Julien Humbert-Droz