Un an après le début de la guerre: bilan, enjeux et perspectives de l'accueil des réfugié-e-s ukrainiens

23.02.2023

Il y a 1 an, la guerre débutait en Ukraine. Les premières personnes fuyant le conflit arrivaient sur sol neuchâtelois quelques jours plus tard. Face à l'urgence, la population et les collectivités publiques se sont mobilisées pour accueillir les personnes en exil. Au fil des mois qui passent et du conflit qui se poursuit, les enjeux initialement posés en termes de protection s'élargissent aux questions d'intégration liées à un séjour qui se prolonge.

 Depuis mars 2022, le canton de Neuchâtel voit arriver des réfugié-e-s fuyant la guerre en Ukraine. À ce jour, 1'262 (22 février 2023) personnes en provenance d'Ukraine séjournent dans le canton, au bénéfice du permis de protection S (848 femmes, 414 hommes, dont 370 enfants de 0 à 15 ans). La plupart vivent aujourd'hui en appartement (60%), alors que 25% continuent de partager le logement d'une famille d'accueil, et 15% sont accueillis temporairement dans un des trois centres cantonaux d'hébergement collectif (Tête de Ran, Couvet et Perreux, avec Vue-des-Alpes en réserve).

Un important élan de solidarité
En comparaison historique, il s'agit du plus fort afflux de réfugié-e-s de ces 25 dernières années. Leur accueil s'est fait dans une grande urgence. Il a nécessité l'ouverture de structures supplémentaires en hébergement collectif. L'accueil des personnes fuyant la guerre a aussi abouti à la conclusion de 260 nouveaux baux pour autant d'appartements qu'il a fallu meubler. Tout cela a été rendu possible notamment grâce à l'important élan de solidarité né au sein de la population neuchâteloise. Au plus fort de la crise, ce sont près de 300 ménages neuchâtelois qui ont ouvert leurs portes.

Dès mai 2022, l'État, via le service des migrations (SMIG), a mandaté la Croix-Rouge pour accompagner les accueillant-e-s, ainsi que les accueilli-e-s, dans ces situations inédites de cohabition. En complément à l'accompagnement social cantonal, un espace professionnel d'écoute, de conseil, d'orientation et de médiation est ainsi offert aux personnes concernées, de façon gratuite et confidentielle. La Croix-Rouge tire aujourd'hui un bilan positif de cette expérience, riche d'enseignements pour la suite.

Dans le même temps, l'État a également attribué un mandat à la Plateforme Précarité, forte de son implantation dans les réseaux publics et privés liés à la précarité, afin de coordonner et diffuser les actions citoyennes en faveur de la population ukrainienne dans le canton de Neuchâtel. Ce travail a permis le développement d'un volet spécifique dédié aux personnes concernées sur le site Internet www.ensemble-ne.ch. Ce support est doté actuellement de 98 prestations et informations disponibles en français, en ukrainien et en russe.
 

Un parcours vers l'intégration
Après l'hébergement, la priorité a été mise sur l'accès aux soins. Les acteurs concernés (hôpitaux, médecins, administration publique, etc.) se sont rapidement et régulièrement coordonnés et ont attribué à Médecins du Monde et à La Maison de santé un rôle essentiel de porte d'entrée.

L'acquisition du français a d'emblée été considérée comme un facteur clé d'intégration. Des cours semi-intensifs ou intensifs de niveau débutant à A2 sont systématiquement proposés aux réfugié-e-s ukrainiens. Une cinquantaine de classes gérées par 7 partenaires et coordonnées par l'État sont actuellement ouvertes à travers le canton.

Ces cours de français ont pour but premier de permettre l'accès au marché de l'emploi, via les services étatiques en charge de leur insertion socio-professionnelle. Depuis mars 2022, ce sont 74 autorisations de travail qui ont été octroyées à des employeurs qui ont souhaité engager des personnes au bénéfice du statut de protection S dans le canton de Neuchâtel. 51 réfugié-e-s ukrainiens se sont également inscrit-e-s comme demandeurs ou demandeuses d'emploi. Ce petit nombre de cas s'explique notamment par le fait que les réfugié-e-s ukrainiens disposent d'un statut provisoire : la perspective d'un retour à brève échéance est vraisemblablement un frein à l'intégration professionnelle. De plus, les profils les plus représentés – des femmes avec des enfants – rencontrent des freins liés à la garde d'enfants.

Près de 300 jeunes scolarisé-e-s
Dès l'arrivée des premières familles, les enfants ont rapidement été scolarisés. Un peu plus de 290 élèves sont actuellement intégrés dans les écoles du canton. Ils fréquentent les centres scolaires, ce qui confère un rôle particulier aux communes, ainsi que les deux classes de 1er accueil des centres de Couvet et Perreux. Conformément aux recommandations fédérales, l'admission directe des élèves dans les classes de l'école publique correspondant à leur niveau de formation et à leur âge est privilégiée, tout en leur proposant des cours d'appui et des cours de langue. 

Quelques élèves ayant des besoins éducatifs particuliers ont également été intégrés dans des écoles spécialisées. 67 jeunes entre 15 et 21 ans qui n'ont pas achevé de formation de niveau secondaire 2 en Ukraine sont réparti-e-s entre les lycées Jean-Piaget et Blaise-Cendrars et une classe JET (Jeunes en transition) du Centre de formation professionnelle neuchâtelois (CPNE). Cinq d'entre elles/eux qui parlaient déjà le français ont pu être directement intégrés comme élèves réguliers dans un lycée. Celles et ceux qui possèdent un titre de maturité reconnu s'adressent directement à l'Université pour poursuivre leurs études.

 Mercredi 22 février 2023, la Plateforme Précarité a réuni une vingtaine d'organisations sociales pour faire un bilan de la situation vécue au sein de la société civile et des enjeux à venir. En effet, au fil des mois qui passent et du conflit qui se poursuit, les enjeux initialement posés en termes de protection s'élargissent aux questions d'intégration liées à un séjour qui se prolonge