Le Conseil d’État appelle au rejet de l'initiative de limitation

21.08.2020

​La population suisse votera le 27 septembre 2020 sur l’initiative populaire « Pour une immigration modérée ». L’initiative de limitation exige la fin de la libre circulation des personnes avec l’Union européenne. Son acceptation signerait la fin de la voie bilatérale entre la Suisse et l’Union européenne. Elle aurait de graves conséquences pour la prospérité de la Suisse et mettrait en danger des milliers d’emplois dans notre canton. C’est pourquoi le Conseil d’État appelle au rejet de l’initiative de limitation.

À l’instar du Conseil fédéral, du Parlement fédéral, de l’ensemble des cantons et des partenaires sociaux, le Conseil d’État appelle à rejeter clairement l’initiative de limitation. Ce texte mettrait fin à la voie bilatérale suivie par la Suisse avec l’Union européenne (UE) depuis plus de 20 ans. Une acceptation de l’initiative aurait de graves conséquences pour l’emploi dans notre canton.

Les accords bilatéraux qui ont été négociés avec l’UE sont essentiels à l’économie de notre pays. Grâce à eux, la population et les entreprises suisses ont accès aux possibilités offertes par l’Union européenne, en matière de marché du travail et de débouchés d’exportation, mais aussi de formation, de recherche, de mobilité ou encore de sécurité. La dénonciation de l’accord de libre circulation mettrait en danger tous les accords bilatéraux et provoquerait une crise politique majeure avec notre principal partenaire économique et avec tous nos pays voisins.

Alors que les initiants prétendent vouloir favoriser l’engagement de personnel indigène, l’outil proposé risque, au contraire, d’avoir l’effet inverse et de provoquer la disparition massive de places de travail, en plus de permettre le démantèlement des protections offertes par les mesures d’accompagnement. Son acceptation menacerait des secteurs économiques entiers, sur lesquels notre pays repose. Avec son profil industriel et exportateur, notre canton serait l’un des plus exposés aux conséquences négatives. Ainsi, une acceptation de l’initiative mettrait directement en danger des milliers d’emplois dans le canton et entraverait fortement nos capacités d’innovation, à l’heure où nous devons déjà affronter la crise économique majeure provoquée par la pandémie de coronavirus !

Au-delà des conséquences économiques, le Conseil d’État craint des dégâts sociaux importants au détriment de la population neuchâteloise et il souhaite également alerter sur les risques pour notre système sanitaire. Une acceptation de l’initiative priverait nos établissements de soins de nombreuses compétences alors même qu’une seconde vague épidémique n’est malheureusement pas exclue.

Pour toutes ces raisons, il faut combattre fermement l’initiative. Quant à la volonté de favoriser l’emploi local et de lutter contre le chômage, que le Conseil d’État partage, l’expérience démontre que la fermeture des frontières et le repli ne sont pas une option efficace. Il faut au contraire maintenir une économie ouverte et compétitive, qui crée des places de travail. Et continuer en parallèle à investir dans la formation et l’intégration professionnelles, comme la Suisse le fait avec succès depuis des années.

Pour éviter des distorsions et favoriser un marché de l’emploi équilibré, des réponses ciblées ont été mises en œuvre ces dernières années. L’obligation d’annonce des places vacantes introduite au niveau fédéral est venue compléter les mesures d’accompagnement. Au niveau cantonal, le salaire minimum est entré en force et une nouvelle stratégie d’intégration professionnelle a été déployée. Enfin, la récente décision de créer une nouvelle prestation transitoire en faveur des chômeuses et chômeurs âgé-e-s au niveau fédéral permettra de mieux protéger les personnes qui perdent leur emploi peu avant d’arriver en fin de carrière.

Pour le Conseil d’État, il faut continuer à avancer sur la voie bilatérale, tout en portant une attention permanente aux difficultés rencontrées par les personnes en recherche d’emploi. Et il faut rejeter clairement cette initiative dangereuse pour notre canton et sa population.