Le Canton de Neuchâtel et l’Ordre neuchâtelois des pharmaciens (ONP) conduisent, en collaboration avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), une étude de faisabilité portant sur la dispensation à l’unité d’antibiotiques dans les pharmacies. Pendant trois mois, les pharmacies participant à l’étude remettent aux patient-e-s le nombre exact de comprimés prescrit par leur médecin et donc nécessaire à leur traitement. L’étude vise à observer la faisabilité d’une telle mesure en lieu et place de l’actuelle remise de boîtes complètes.
Lorsqu’un-e patient-e se rend dans une pharmacie pour retirer les antibiotiques prescrits par son médecin, il/elle obtient une boîte complète desdits antibiotiques. Il arrive cependant que le nombre de comprimés dans la boîte d’origine ne corresponde pas à la durée du traitement prescrit par le médecin – en d’autres termes, on distribue plus de comprimés que nécessaire. Le risque que les patient-e-s utilisent les antibiotiques en surplus est réel : que cela soit pour soigner d’autres maladies, pour les transmettre à des tiers ou pour s’en débarrasser de manière inappropriée (par exemple, dans les toilettes). Or, cela peut contribuer au développement de résistances aux antibiotiques en Suisse.
Adopté par le Parlement, la motion du conseiller national Manuel Tornare (2017) pour la dispensation à l’unité d’antibiotiques a souligné le besoin d’intervention dans le domaine. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a ainsi mandaté en 2019 le bureau Interface Politikstudien Forschung Beratung de Lucerne ainsi que la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse pour mener une étude de faisabilité dans le canton de Neuchâtel, qui s’est porté volontaire pour la phase pilote. Cette étude vise à tester la dispensation à l’unité d’antibiotiques, à savoir la remise de la quantité exacte d’antibiotiques nécessaire aux patient-e-s. L’équipe de projet travaille en étroite collaboration avec des représentants du service cantonal de la santé publique ainsi que de l’Ordre neuchâtelois des pharmaciens. L’objectif de l’étude est d’évaluer la faisabilité et la manière dont les pharmacies et patient-e-s perçoivent la dispensation à l’unité.
Entre mars et juin 2020, les patient-e-s se présentant dans une des 13 pharmacies participant à l’étude seront invité-e-s à y participer sur une base volontaire. Il sera vérifié si le nombre de comprimés dans la boîte d’antibiotiques complète correspond à la durée du traitement prescrit sur l’ordonnance. Si ce n’est pas le cas, la pharmacienne ou le pharmacien retirera les comprimés en surplus de la boîte. Les pharmacies remettent ensuite aux patient-e-s la boîte d’origine contenant le nombre de comprimés prescrit. Cette procédure permet de garantir que les patient-e-s continuent d’obtenir toutes les informations nécessaires sur le médicament (par exemple, la notice).
Les comprimés en surplus sont conservés par les pharmacies de manière individuelle pour chaque patient-e, et ce, jusqu’à la date de péremption de l’antibiotique. Cela permet d’en assurer la traçabilité. Les patient-e-s qui ne souhaitent pas participer à l’étude continueront d’obtenir la boîte d’antibiotiques complète comme auparavant.
Les pharmacies seront accompagnées par l’équipe de l’étude pendant la phase de mise en œuvre, c’est-à-dire de mars à juin. Les résultats de l’étude seront publiés d’ici fin 2020.
