Bourses à la création littéraire attribuées à deux belles plumes

14.09.2018

L'Etat de Neuchâtel soutient les écrivaines et les écrivains neuchâtelois qui se trouvent dans la phase d'élaboration d'un projet d'écriture ou à une étape décisive de leur travail. Dans cette optique, deux bourses ont été attribuées cette année: l'une de 10'000 francs à Thomas Sandoz, une seconde de 5000 francs à Fanny Wobmann.

Le soutien aux auteur·e·s neuchâtelois·e·s fait partie de la politique d'encouragement à la création artistique menée par le Canton de Neuchâtel. À côté de l'encouragement à l'édition d'œuvres littéraires, deux bourses annuelles d'écriture sont attribuées pour appuyer les écrivaines et écrivains neuchâtelois dans la phase d'élaboration d'un projet d'écriture ou à une étape décisive dans leur travail. Présidant au choix des lauréat·e·s, une sous-commission d'expert·e·s, composée de représentant·e·s du milieu du livre et du monde académique, s'est réunie récemment pour examiner les dossiers qui avaient été adressés au service cantonale de la culture.

Un roman qui revisite le motif classique de l'imposture

Le Chaux-de-Fonnier Thomas Sandoz, âgé de 51 ans, se voit décerner la bourse de 10'000 francs pour l'année 2018. La qualité de l'écriture de Thomas Sandoz a déjà été récompensée par le Prix Lilly Ronchetti 2016 pour « La balade des perdus », le Prix Schiller 2011 pour « Même en terre », le Prix Auguste Bachelin 2009 pour « La Fanée », le Prix Gasser 2008 pour « La Fanée », la distinction Livre 2001 de la Fondation Schiller Suisse pour « Gerb » ainsi que le Prix d'un autre genre La Sorge pour « 99 minimes ».

Avec ce soutien financier, Thomas Sandoz pourra se consacrer plus sereinement à la rédaction de son prochain opus intitulé « La vie dans les livres ». Ce roman revisitera, selon le lauréat, le motif classique de l'imposture. Il questionnera aussi, sous les atours trompeurs de la comédie, le présent et l'avenir du livre imprimé.

« Le thème de ce roman s'enracine dans des expériences répétées avec des adolescents à l'occasion d'ateliers de lecture et d'écriture. Qu'est-ce qu'un récit, une histoire pour les jeunes d'aujourd'hui ? Que représente pour eux l'« objet livre »? Sur quels points leur propre culture peut-elle s'accorder à celle de l'imprimé ? » souligne Thomas Sandoz dans son dossier de candidature... « Mais "La vie dans les livres" ne sera pas un texte de plus égratignant les coulisses de l'édition ou s'alarmant de certains développements de la société numérique. Au contraire. Choisir un protagoniste a priori indifférent, voire hostile, au monde du livre est à ce titre le premier subterfuge narratif de ce texte qui tournera autour de cette simple question : peut-on réconcilier la littérature et ceux qui ne s'y reconnaissent pas ou plus ? » avertit l'auteur.

Définir qui nous sommes au sein de notre propre réalité

La bourse de 5000 francs a, quant à elle, été attribuée  à Fanny Wobmann, pour son projet intitulé « A la poursuite du couchant ». Née à La Chaux-de-Fonds en juin 1984, Fanny Wobmann a passé une partie de son enfance au Rwanda et à Madagascar, avant de revenir en Suisse avec le goût du voyage. Titulaire d'un master en sociologie et muséologie à l'Université de Neuchâtel, Fanny Wobmann  fait partie du collectif AJAR (Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands), elle a participé à l'écriture de leur premier roman, « Vivre près des tilleuls » (Flammarion, 2016). Plus récemment, elle a publié, pour la deuxième fois chez Flammarion, « Nues dans un verre d'eau ». L'auteure écrit aussi pour le théâtre et a travaillé sur plusieurs mises en scène au sein de différentes compagnies. Elle a été retenue pour la « shortlist » du prix du public de la RTS 2018. Elle a obtenu le Prix Terra Nova 2017 de la Fondation Schiller, a participé au Roman des Romands 2017. Elle a aussi été lauréate du Prix d'honneur 2016 de la Fondation Gottfried Keller et décroché le Prix Interrégional Jeunes Auteurs 2003 et 2004.

L'origine de son nouveau projet littéraire « A la poursuite du couchant » repose sur une série de questions récurrentes et quasi existentielles, souligne l'écrivaine neuchâteloise : « quelle est ma place ? Quelle est ma place à moi, en tant que femme, artiste, suisse, mère, fille, sœur, citoyenne, sur terre, sur ce continent, dans ce pays, dans ma ville, dans ma vie de tous les jours, dans les interactions avec les autres, dans mon intimité ? Notre quête à toutes et tous est de parvenir à définir qui nous sommes au sein de notre propre réalité. Avons-nous le droit d'être multiples, divers·e·s, contradictoires ? Avons-nous le pouvoir de construire réellement notre propre chemin ? En avons-nous la force ? En tant qu'individus mais aussi en tant que groupe humain, nation, pays, continent ? Car si ces questions touchent ce qu'il y a de plus intime en nous, elles renvoient aussi, et de manière fondamentale, aux défis politiques que la Suisse et les pays qui l'entourent tentent de mener. Elles sont intéressantes également à interroger sous le prisme de la création artistique» relève la native de La Chaux-de-Fonds.

Le prochain concours pour l'obtention des bourses d'écriture sera lancé au début de l'année 2019.