Un retour en arrière de 15 ans ou des progrès pour 30 ans? Ainsi peut se résumer le choix soumis à la population le 12 février prochain. Le Conseil d'État et le Grand Conseil à une large majorité l'ont déjà fait et invitent la population à doter enfin l'Hôpital neuchâtelois (HNE) d'une organisation compatible avec les exigences du 21e siècle en refusant l'initiative populaire « Pour deux hôpitaux sûrs, cohérents et complémentaires » et en acceptant le contre-projet « HNE-Demain » des autorités cantonales qui lui est opposé.
Le Grand Conseil a récemment décidé de doter l'HNE d'une nouvelle loi d'organisation et d'assainir son bilan financier pour aplanir le passé, consolider ses bases et lui offrir un cadre adapté aux exigences de son temps ; en bref lui donner un nouveau départ. Dans une approche globale, il a également validé un projet d'organisation géographique axé sur trois policliniques, présentes dans trois régions du canton et assurant un accès de proximité aux soins les plus courants, ainsi que sur deux centres de compétences remplissant chacun des fonctions cantonales, distinctes et complémentaires.
Seul ce projet d'organisation géographique est soumis au peuple, mais un refus remettrait en question tout l'édifice validé par le Grand Conseil en novembre 2016. La réorganisation proposée est opposée comme contre-projet à l'initiative populaire « Pour deux hôpitaux sûrs, cohérents et complémentaires ». Le Conseil d'État et le Grand Conseil invitent la population à rejeter cette initiative et à accepter le contre-projet lors des votations du 12 février prochain.
Le maintien d'une activité éclatée telle que voulue par l'initiative entraînerait en effet l'HNE dans un cercle vicieux qui l'obligerait à réduire toujours plus son offre de prestations, à se limiter progressivement aux seuls soins de base, sans pour autant engendrer d'économies puisque le canton doit assumer pour ses citoyens le coûts des prises en charge hors canton. L'initiative mènerait ainsi à la suppression de nombreux emplois et à d'importantes pertes de revenus pour le canton de Neuchâtel. En outre, les patient-e-s neuchâtelois devraient plus souvent parcourir de longues distances et recourir aux établissements situés dans d'autres cantons pour accéder aux soins.
À l'inverse, dans le contexte de spécialisation de la médecine, de pénurie croissante de personnel médical et soignant et d'exigences accrues à l'égard des hôpitaux, la constitution de véritables centres de compétences préconisée par le Conseil d'État et le Grand Conseil pour les soins aigus et la réadaptation permettront à l'HNE de s'inscrire dans une dynamique positive (voir schéma ci-dessous).
Investir pour assurer la sécurité sanitaire et la qualité des prestations pour toutes et tous dans l'ensemble du canton
Le contre-projet des autorités cantonales « HNE-Demain » prévoit non seulement une nouvelle organisation géographique pour assurer la sécurité sanitaire et la qualité des prestations pour toutes et tous et dans l'ensemble du canton. Il vise aussi à :
Investir pour offrir des prestations, accessibles à toutes et tous, dans trois policliniques, soit au Val-de-Travers, dans les Montagnes neuchâteloises et à Neuchâtel ;
Investir en regroupant les forces dans deux centres de compétences cantonaux en soins aigus et en réadaptation. Les regroupements proposés permettent d'assurer la qualité et la sécurité des soins et d'éviter l'abandon de prestations au profit d'hôpitaux hors canton ;
Investir pour disposer d'infrastructures hospitalières adaptées au contexte actuel et attractives pour les patient-e-s comme pour les professionnel-le-s qui font vivre l'institution. Dans un domaine concurrentiel, l'HNE doit offrir un projet crédible aux soignant-e-s qui veulent y travailler ;
Investir pour anticiper les évolutions attendues dans le domaine de la réadaptation hospitalière en créant, dans un bâtiment conçu pour cette spécialité, un centre de compétences fort et novateur en Suisse. Avec le raccourcissement des séjours en soins aigus, ces activités sont appelées à se développer ;
Investir pour conserver les compétences, les emplois, les revenus et la formation de la relève dans le canton ;
Investir, enfin, pour conserver un hôpital public solide et crédible pour l'ensemble de ses partenaires.
Un investissement compatible avec les capacités financières du canton
L'HNE devra consentir un investissement de 240 millions de francs pour la réalisation de sa nouvelle organisation géographique. L'État n'investira donc pas lui-même, il ne s'endettera donc pas davantage mais garantira les emprunts.
En investissant ce montant certes important, l'HNE évitera d'engager 100 à 150 millions de francs pour rénover des infrastructures anciennes, qui resteraient inadaptées aux exigences actuelles d'une exploitation hospitalière. Il se dotera au contraire de structures fonctionnelles et économiques, qui lui permettront de générer chaque année des économies d'au moins 12 millions de francs et de développer certaines prestations. En 10 ans, ces économies représenteront déjà autant que l'augmentation de l'investissement, engagé lui pour une cinquantaine d'années.
Le contre-projet des autorités cantonales est donc parfaitement compatible avec les capacités financières du canton.
Recul de 15 ans ou progrès pour au moins 30 ans ?
Depuis 15 ans, le canton de Neuchâtel a progressivement spécialisé ses hôpitaux et recherché des complémentarités entre eux ; il les a regroupés en un établissement cantonal travaillant pour toute la population neuchâteloise et a fait évoluer ses prestations pour répondre au contexte national, notamment à l'introduction de la LAMal et à sa récente révision, ainsi qu'à l'évolution de la société (en particulier la démographie des patient-e-s et des soignant-e-s) et aux exigences médicales et techniques. Le contre-projet « HNE-Demain » proposé par les autorités cantonales pour l'HNE s'inscrit dans la suite des réformes de ces 15 dernières années. Ce contre-projet élaboré pendant plus de deux ans est complet, précis et clarifie rapidement et durablement l'avenir de l'HNE.
À l'inverse, l'initiative qui préconise le retour à des hôpitaux indépendants et similaires conduirait à la dissolution de l'HNE. Elle nécessiterait par ailleurs de rédiger une nouvelle législation et de définir qui exploiterait ces hôpitaux. Il serait également indispensable de mener de nouveaux débats sur les synergies à trouver entre ces hôpitaux et sur la couverture en soins des régions non-urbaines. Cela signifie beaucoup de temps et de nombreuses inconnues.
Les autorités cantonales sont convaincues que la nouvelle organisation hospitalière doit être mise en place rapidement pour limiter le risque de perdre des patient-e-s, des médecins et des certifications, risque désormais élevé vu les hésitations et les affaiblissements subis depuis plusieurs années par l'HNE.
Ce projet est d'une importance capitale pour l'HNE et pour notre canton. C'est une chance et une responsabilité pour notre génération de pouvoir se prononcer sur le système hospitalier des 30 à 50 prochaines années. Voulons-nous restaurer les hôpitaux de notre enfance ou construire l'avenir pour nos enfants ? Le Conseil d'État appelle l'ensemble des citoyennes et des citoyens à voter le 12 février prochain et les invite, avec le Grand Conseil, à rejeter l'initiative et à soutenir le contre-projet « HNE-Demain ».
