​Nouvelle statistique des flux de population

Neuchâtel doit sa croissance à l'apport de l'étranger

14.09.2015

Les autorités cantonales se dotent d'un nouvel outil pour mieux appréhender les flux de population de et vers le canton de Neuchâtel. La statistique se base sur une analyse des données démographiques de l’année 2012. Cette nouvelle approche méthodologique se veut davantage compréhensible que ne l'a été l'analyse des flux de contribuables conduite par le passé. Le champ d’étude de cette nouvelle analyse est aussi élargi à la population imposée à la source.

Premier constat de cette première édition: la région neuchâteloise est attractive. Pour le Conseil d'Etat, il s'agit d'une confirmation du dynamisme de la région; une interprétation qui ne doit néanmoins pas masquer le fait que ce dynamisme profite à un territoire plus large que le seul canton, lequel connaît encore un solde intercantonal négatif de population si l'on restreint strictement l'analyse aux frontières neuchâteloises. La croissance du canton est ainsi le fait des migrations internationales.

Une nouvelle méthodologie

Dans ses versions antérieures, la statistique fiscale mettait en évidence les flux de contribuables qui arrivaient dans notre canton et qui le quittaient. Les interrogations et les débats suscités ont exprimé un besoin de clarification de la notion de flux de contribuables, parfois complexe lorsqu'elle est confrontée aux notions de population et de ménages. C'est pourquoi le Service cantonal de statistique a proposé de remplacer la notion de contribuable par celle de population, ou d’habitant, permettant une analyse plus globale sur les flux de population en général, basée sur les données directement extraites des registres des habitants. Premier impact de ce changement méthodologique : les personnes imposées à la source sont désormais intégrées. Pour pouvoir disposer des données fiscales stabilisées (bouclement de la taxation fiscale), ce sont les données démographiques de l'année 2012 qui ont été exploitées pour cette première édition.

Bonne attractivité de la région neuchâteloise

En complément à son analyse des flux démographiques, le Service de statistique a examiné les flux de population entrant et sortant du canton et ceux entrant et sortant du canton élargi à sa périphérie immédiate[1]. L'appréciation résultant de cette analyse est contrastée. En premier lieu, il est encourageant de constater que la région que constitue le canton de Neuchâtel élargi (soit une région englobant notamment les Franches Montagnes, une partie du Jura bernois, le littoral fribourgeois et vaudois du lac de Neuchâtel, la région de l'entre-deux lacs ainsi que Bienne et Yverdon) affiche un solde migratoire positif par rapport au reste de la Suisse, ce qui signifie que les habitants qui s'établissent dans cette région sont plus nombreux que ceux qui la quittent. Bien que l'analyse limitée à une seule année incite à la prudence, il s'agit pour le Conseil d'Etat d'un indice clair que notre canton se trouve au centre d'une région dynamique et attractive.

Le constat est plus préoccupant lorsque l'analyse est restreinte aux frontières cantonales. Dans ce cas de figure, en effet, le solde est nettement négatif, à -613 habitants pour 2012.

Par recoupement des deux constats qui précèdent, il s'avère que la majorité des résidents qui quittent le canton de Neuchâtel ne quittent pas la région et s'établissent dans sa périphérie immédiate, ce qui laisse supposer qu'ils restent fortement liés au canton pour des raisons telles que l'activité professionnelle, les relations sociales et familiales, les loisirs ou l'attachement général à la région et à ses prestations urbaines (culture, commerces, loisirs,…). Ils continuent ainsi à participer à son dynamisme.

L'analyse met également en évidence la forte attractivité du canton de Neuchâtel envers l'étranger. Alors que les flux migratoires intercantonaux sont constamment négatifs depuis le milieu des années nonante, les flux internationaux affichent en effet une tendance inverse et un volume supérieur. Ce constat démontre et confirme que la croissance de la population de notre canton est soutenue par un apport en provenance de l'étranger.

Flux de population en fonction du revenu et de la fortune

Le recoupement des données démographiques avec les données fiscales permet de mettre en lumière un certain nombre de constats. Pour ce qui concerne les flux intercantonaux, comme on pouvait s'y attendre du fait de la structure des revenus dans la population, les revenus inférieurs à 60'000 francs[2] représentent la population la plus importante, tant au niveau des arrivées d'autres cantons que des départs hors canton. Pour 2012, la proportion des arrivées est plus élevée pour ce groupe de revenu que la proportion des départs (arrivées: 79%, départs: 73%). Pour la classe des revenus situés entre 60'000 et 150'000 francs, la distribution s'inverse avec une proportion des arrivées de 19% contre une proportion des départs de 24% en 2012. Le constat est le même pour les revenus supérieurs à 150'000 francs, avec une proportion des départs de 3% et des arrivées de 2% et 2012.

Les données considérées ne concernent pour l'instant qu'une seule année. Même si le Conseil d'Etat ne juge pas opportun de tirer un constat définitif à ce stade, il prend néanmoins note de ce résultat préoccupant et continuera de suivre ces indicateurs avec la plus grande attention.

Action politique pour l'attractivité cantonale

Les constats précités viennent confirmer l'appréciation exprimée par le Conseil d'Etat dans son plan de législature et dans son bilan de mi-législature. A ses yeux, les politiques publiques mises en œuvre ou celles qui sont prévues à moyen terme constituent pour l'heure une réponse adéquate. Il en est ainsi, notamment, des politiques dans les domaines de la fiscalité, de l'intégration professionnelle, de l'aménagement du territoire, de l'accueil parascolaire et de la petite enfance et de la culture et des sports[3].
 

[1] Les communes considérées se situent dans un rayon de 43 km à partir du centre géographique du canton (barycentre) situé sur le territoire de la commune des Ponts-de-Martel.

[2] Voir l'annexe 1, dernier paragraphe, s'agissant de la répartition des revenus entre époux.

[3] Voir également l'annexe 2.