Le 18 mai prochain, la population neuchâteloise sera appelée à se prononcer sur la question de l'éolien dans le canton de Neuchâtel. D'un côté, le contre-projet du Grand Conseil propose d'inscrire dans la Constitution les éléments-clés de la politique énergétique et de protection des sites du canton, y compris une limitation à cinq sites de parcs éoliens au maximum pour l'ensemble du territoire. De l'autre, l'initiative "Avenir des crêtes: au peuple de décider!" demande que chaque projet fasse l'objet d'une procédure à part par votes successifs. Le Conseil d'Etat recommande au peuple neuchâtelois de dire OUI au contre-projet du Grand Conseil - qui bénéficie en outre d'un très large soutien de la quasi majorité des partis politiques et des communes concernées - et de refuser l'initiative.
Renforcer la protection du patrimoine naturel exceptionnel du canton, y minimiser les impacts des constructions humaines sur le paysage, la faune et la flore, mais aussi déterminer dans quelle mesure l'énergie éolienne doit s'inscrire dans cette volonté. Définir en particulier où des éoliennes peuvent être construites, et combien. Permettre, surtout, à la population de prendre elle-même les décisions en la matière. Tels sont les enjeux de la votation cantonale du 18 mai prochain.
Large soutien au contre-projet
Bénéficiant d'un large soutien du Grand Conseil, de la quasi majorité des partis politiques, ainsi que des communes (Val-de-Ruz, Val-de-Travers, Les Verrières et La Côte-aux-Fées) et des agriculteurs concernés, sans oublier le groupe neuchâtelois de Greenpeace, le contre-projet inscrit d’abord dans la Constitution cantonale le principe d’une politique énergétique basée sur l’encouragement aux économies d’énergies, à la diversification et à l’utilisation des énergies indigènes et renouvelables.
Le contre-projet introduit aussi clairement dans la Constitution le recours à l’énergie éolienne, avec une limitation à cinq sites de parcs éoliens pour un maximum de 59 éoliennes pour l’ensemble du territoire (Crêt-Meuron - Tête de Ran: 7; Mont-Perreux - Le Gurnigel: 10; La Joux-du-Plâne: 4; Mont des Verrières - Montagne de Buttes: 20; Mont de Boveresse: 18). Il propose en outre une loi qui modifie le décret de 1966 sur la protection des sites naturels en y intégrant comme des zones nouvelles les cinq sites de parcs éoliens et en y fixant le nombre maximum d’éoliennes que chacun pourra accueillir.
Ces cinq sites ne représentent que 4,6% du territoire cantonal et seront les seules zones du canton pouvant recevoir des parcs éoliens. A noter que deux d'entre eux sont presque entièrement hors des zones de crêtes et de forêts, dont les 95% de la superficie au total restent protégés et intouchés.
Le contre-projet satisfait l'essentiel des volontés de l'initiative en proposant une voie plus directe, soit demander à la population neuchâteloise de décider maintenant, une fois pour toute, de la politique cantonale en la matière.
La voie du contre-projet est plus claire, plus directe, plus simple, plus sûre, moins coûteuse que celle de l’initiative. Elle donne la décision au peuple, mais garantit aussi la sécurité du droit, indispensable à l’équilibre socio-économique de notre communauté.
Encourager une politique énergétique basée sur les économies d'énergie
Aux yeux du Conseil d'Etat, il est indispensable de préserver notre environnement mais également de valoriser nos ressources naturelles. Face aux exigences notamment de la protection de l’environnement, de la sortie du nucléaire et de ses risques excessifs, de la raréfaction et du coût croissant des énergies fossiles, il s'agit de développer à la fois les économies d’énergie et le recours diversifié aux énergies renouvelables. Et l’énergie éolienne est d’une efficacité et d’une économicité démontrées. Si elle ne peut bien entendu pas suffire à couvrir nos besoins, elle peut en assurer une part appréciable, soit 20% au moins des besoins du canton en électricité ou 70% de celui des ménages.
Le défi énergétique est un des enjeux majeurs pour notre société et le Conseil d'Etat en a d'ailleurs fait un objectif de son Programme de législature. Pour le gouvernement cantonal, l'effort consenti dès maintenant dans le développement des énergies renouvelables et la valorisation des ressources de proximité doit en effet permettre au canton de tendre vers l'autonomie énergétique.
Développer un maximum de sources d’énergies indigènes réduit donc notre dépendance, accroît notre contrôle et répond aussi à un devoir moral: exploiter le moins possible les ressources d’autrui.
Pour toutes ces raisons, le Conseil d’Etat, à l'instar du Grand Conseil, recommande à la population neuchâteloise de partager sa vision globale et à long terme, en votant NON à l’initiative et OUI au contre-projet le 18 mai prochain. Le Conseil d'Etat appelle par ailleurs la population à donner sa préférence au contre-projet, en cas de double acceptation.