Non, les requérants d’asile ne sont pas considérés comme «des habitants de seconde zone» dans le canton

23.03.2018

Le Conseil d'État tient à répondre aux griefs exprimés dans la lettre ouverte «Les résident·e·s du centre de Tête-de-Ran, des habitant·e·s de seconde zone ?» adressée par quelques personnes et des groupements associatifs au chef du Département de l'économie et de l'action sociale (DEAS) ainsi qu'au service des migrations (SMIG).

C'est avec surprise que le Conseil d'État a pris connaissance des allégations que les auteurs de la lettre ouverte du 19 mars ont formulées et diffusées par voie de presse. Ces allégations ne sont pas conformes à la réalité et relèvent en partie de la désinformation. Les requérants d'asile accueillis dans le canton de Neuchâtel, dont les personnes hébergées à Tête-de-Ran, n'ont en effet jamais été considérés « comme des habitants de seconde zone ». Pour s'en convaincre, il suffit de consulter le Rapport d'information du Conseil d'Etat au Grand Conseil concernant la situation de l'asile dans le canton de Neuchâtel, du 4 juillet 2016.

Un choix d'hébergements pérennes et la fermeture des abris PC

On rappellera que suite à une démarche initiée par les propriétaires de l'Auberge de la Clé des Champs, un contrat de bail d'une durée de dix ans a été conclu en 2016 avec l'Etat de Neuchâtel pour permettre d'accueillir plus d'une centaine de requérants d'asile à Tête-de-Ran. Pour le Conseil d'État, la proposition des propriétaires de l'Auberge de la Clé des Champs représentait une opportunité de solution d'hébergement pérenne, qui permettait par la même occasion, en fonction de l'évolution des flux migratoires, d'envisager la fermeture d'un ou plusieurs des quatre abris de protection civile (PC) alors en exploitation. Aujourd'hui, plus aucun requérant d'asile n'est hébergé en abri PC.

Une nécessité de maintenir une capacité d'accueil suffisante

Le net repli du nombre d'arrivées de requérants d'asile en Suisse qui avait justifié la fermeture du centre d'hébergement de Fontainemelon à la fin de l'année dernière s'est poursuivi et a conduit récemment le Conseil d'État à renoncer à l'exploitation du centre d'accueil de Couvet. La nécessité de maintenir une capacité d'accueil suffisante dans le canton pour faire face à une éventuelle augmentation du nombre d'arrivées à l'avenir a justifié le choix d'organiser l'hébergement collectif en premier accueil sur deux structures offrant un nombre total de places supérieur à 160 lits. S'il avait été renoncé à l'exploitation du centre de Tête-de-Ran, les deux structures d'accueil de Couvet et La Ronde, d'une capacité d'accueil de 80 places chacune, seraient aujourd'hui proches de la saturation et n'offriraient aucune possibilité d'extension.

Des conditions dignes et respectueuses

On peut raisonnablement admettre que le centre de Tête-de-Ran offre des conditions d'hébergement dignes et respectueuses aux 80 personnes qui y sont accueillies aujourd'hui, considérant que du temps de son exploitation l'Auberge de la Clé des Champs répondait aux critères d'un établissement hôtelier d'une centaine de lits. Les résidents de Tête de Ran bénéficient en outre des prestations d'une équipe d'encadrement, composée de plus de 15 collaboratrices et collaborateurs du service des migrations, qui les accompagne dans certaines démarches administratives, veille au respect des règles de vie en centre (règlements des centres d'accueil et de maison), organise, outre des cours de français, des activités culturelles, sportives ou sociales, des animations, des ateliers ou encore des travaux d'occupation ou d'utilité publique.

Une collaboration soutenue avec la société civile

Le service des migrations peut aussi s'appuyer sur  un réseau de quelque 200 bénévoles avec lesquels une collaboration étroite s'est établie. De nombreuses activités sont menées et des projets développés grâce aux personnes et associations avec lesquelles des contrats de bénévolat ont été conclus. Les contacts et les échanges avec la société civile existent donc bel et bien; ils sont non seulement soutenus et appréciés, mais également riches et variés et surtout encouragés.

Des besoins en matière de transports et communications pris en considération

Afin de combler l'absence moyens de transports publics menant jusqu'à Tête-de-Ran, un système de navettes a été mis en place pour assurer aux résidents du centre d'accueil la liaison avec la gare des Hauts-Geneveys. Le nombre de navettes a été augmenté dès lors que les résidents du centre sont aujourd'hui plus nombreux aussi et le nombre de bus assurant les navettes est doublé en cas de besoin. Les requérants d'asile hébergés à Tête de Ran sont en outre au bénéfice d'abonnements leur permettant de se déplacer en transports publics sur l'ensemble le territoire cantonal. Les besoins accrus d'accès à internet ne sont pas ignorés non plus puisque l'installation d'une deuxième antenne wifi a été requise au mois de janvier et que les travaux interviendront prochainement.

 On pourrait peut-être être plus explicite pour dire en quoi la lecture du rapport contribue au fait que les RA ne sont pas considérés comme habitants de seconde zone ? Peut-être rappeler la situation d'urgence qui prévalait en 2015 (et la priorité mise à fermer les abris PC). Dire que la situation a évolué et que le canton doit maintenant s'adapter à nouveau en trouvant l'équilibre entre une optimisation des dépenses et la qualité d'accueil des personnes migrantes qui a toujours constitué un pilier important de sa politique d'intégration.