Consommation finale d'énergie dans le canton en 2010 et 2011

​​​Des variations de la consommation liées à des conditions économiques et climatiques opposées

08.04.2013

En 2010, la consommation finale d'énergie s’est élevée dans le canton de Neuchâtel à 17'282 Térajoules [TJ], en augmentation de 2,2% par rapport à l’année 2009, alors qu'en 2011, elle était de 15'969 TJ, en diminution de 7,6% par rapport à 2010. Ces évolutions, également observées au niveau suisse, sont à mettre en rapport avec les conditions économiques et climatiques. En effet, le PIB a progressé de 3% entre 2009 et 2010 et "seulement" de 1,9% une année plus tard; en outre, les températures hivernales ont été plus rigoureuses en 2010 et nettement plus douces l'année suivante. Les statistiques cantonales 2010 et 2011 peuvent êtres téléchargées sur www.ne.ch/Energie.

Depuis 1978, le Service cantonal de l'énergie et de l'environnement établit chaque année des statistiques portant sur la consommation finale d'énergie dans le canton, répondant ainsi à un besoin d'information et à une exigence de la loi sur l’énergie.

Consommation d'énergie en légère hausse en 2010 et en sensible baisse en 2011

Globalement, la consommation d'énergie finale en 2010 a augmenté de 2,2% par rapport à 2009, alors qu'elle a diminué de 7,6% de 2010 à 2011. Les résultats pour 2010 sont à mettre en relation avec une reprise de l'activité industrielle et avec une année plus froide que la précédente (les degrés-jours – indicateurs de la rigueur du climat – ont augmentés de 12%, entraînant une hausse de consommation de l'énergie pour le chauffage des bâtiments). En 2011, la progression de la reprise économique s'est affaiblie et l'année a été nettement plus douce que la précédente (diminution de 18% des degrés-jours).

Pour l'année 2010, la consommation de chaleur fossile (combustibles pétroliers, gaz et charbon) a augmenté de 1,5% par rapport à l'année 2009 tandis qu'entre 2010 et 2011, elle a subi une baisse spectaculaire de 16,7%. Une analyse plus détaillée montre qu'en 2010, une diminution marquée pour les combustibles pétroliers (-10%) a été contrebalancé par une hausse de la consommation de gaz naturel (+13%). Le même phénomène ne s'est plus vérifié en 2011 où la diminution a été de 18% pour les combustibles pétroliers et de 15% pour le gaz naturel. La consommation d'électricité à augmenté de 1,7% entre 2009 et 2010 et de 2,8% une année plus tard. Concernant la consommation de carburants, elle a baissé de 1,5% entre 2009 et 2010 et de 1,4% en 2011.

Après deux années de recul, croissance de l'apport des énergies renouvelables

Le taux de couverture des besoins énergétiques du canton par les énergies renouvelables est passé de 9% en 2009 à 9,2% en 2010 et à 9,6% en 2011. Si l'augmentation de 2009 à 2010 est principalement liée à une plus grande valorisation du bois-énergie, de l'hydro­électricité et de la chaleur de l'environnement par des pompes à chaleur, celle de 2010 à 2011 n'est pas due à une augmentation de la production d'énergies renouvelables mais peut être expliquée par l'importante diminution de la consommation globale d'énergie.

L'évolution de l'apport des sources d'énergies renouvelables comme l'hydroélectricité, le bois, le biogaz et l'incinération des ordures ménagères (UIOM) est très aléatoire et dépend de facteurs externes (conditions climatiques et disponibilité de combustible notamment).

La production hydro-électrique a augmenté de 4,5% entre 2009 et 2010 mais a subi une chute de 24% une année plus tard. Ce sont les variations de la pluviométrie et les travaux d'entretien des installations qui génèrent une production irrégulière d'une année à l'autre, sans modification notable du parc de production.

Concernant le chauffage au bois, 55 nouvelles installations ont été recensées en 2010, ce qui correspond à une hausse de 9%, avec un total d'environ 660 installations, puis 35 en 2011, soit +5%, avec un total d'environ 694 installations. La production a ainsi augmenté de 21% en 2010 pour diminuer ensuite de 14% en 2011.

L'évolution de la production d'énergie par du biogaz, principalement dans les STEP existantes, se présente comme suit: chaleur +0,8% (-15,6% en 2011 suite à des enquêtes plus précises) et électricité +9,5% (+1,3%) sans mise en service de nouvelles installations ou interventions sur celles existantes.

Concernant les UIOM, la production a subi une diminution de 12,9% au niveau de la chaleur et de 15,7% pour l'électricité entre 2009 et 2010. Par contre, entre 2010 et 2011, la production de chaleur à augmenté de 17,2% et celle d'électricité a nettement progressé de 41,6%. Ces fortes variations d'une année à l'autre sont dues notamment à l'exploitation de ces installations en fonction de la disponibilité de combustible (principalement des ordures ménagères).

Pour les autres sources d'énergies renouvelables constituées par la chaleur prélevée à l'environnement grâce à des pompes à chaleur (PAC) ainsi que le solaire thermique et photovoltaïque, on relève avec satisfaction une progression continue.

La chaleur prélevée dans l’environnement a augmenté de 20% en 2010 suite à la mise en exploitation de 151 nouvelles pompes à chaleur et de 12% (163 nouvelles PAC) en 2011.

L'énergie récoltée par les installations solaires thermiques a augmenté de 13% en 2010 (5% en 2011), avec 236 nouvelles installations (231) et une surface totale supérieure à 28'000 m2 (30'000); celle issue des installations photovoltaïques de 72% (55%) grâce à 65 nouvelles installations (97) portant la surface totale à environ 10'800 m2 (18'000).

Situation par rapport aux objectifs de la conception directrice de l’énergie

Se référant aux accords du Protocole de Kyoto sur le climat et à la loi sur le CO2, le Conseil d’Etat a élaboré une conception directrice de l’énergie approuvée en septembre 2006 par le Grand Conseil fixant les objectifs pour l’horizon 2010.

Sur cette base, et par rapport aux objectifs fixés, l'analyse de l'évolution de la situation énergétique cantonale de 1990 ou 2000 à 2010 se résume de la façon suivante:

 

​Objectif en 2010 Objectif ​Effectif en 2010 ​Evolution effective
Consommation chaleur fossile (combustibles, gaz et charbon)​ ​1'847 GWh ​-15% (depuis 1990) ​1'903 GWh ​-12.4% (depuis 1990)
​Consommation carburant ​1'217 GWh ​-10% (depuis 1990) ​1'418 GWh ​+4.9% (depuis 1990)
​Consommation électricité ​1'070 GWh ​+ 5% (depuis 2000) ​1'045 GWh ​+2.6% (depuis 2000)
Production électricité renouvelable (sans les centrales hydrauliques) ​50 GWh ​+89.4% (depuis 2000) ​27 GWh ​+2.3% (depuis 2000)
Production chaleur renouvelable ​218 GWh ​+69% ​242 GWh ​+87.6%
Production hydroélectricité (théorique en fonction de la puissance installée) ​126 GWh ​+7.4% ​117 GWh ​+0.1%

 

 
Les domaines ayant atteint les objectifs fixés dans le cadre de la conception directrice de l'énergie 2006 ou ayant subi une évolution dans le bon sens sont la consommation de chaleur fossile (notamment due à la diminution importante de consommation de mazout pour le chauffage des bâtiments), la consommation d'électricité (l'augmentation a été limitée mais des efforts supplémentaires devront être consentis dans les années à venir pour inverser la tendance malgré une plus forte électrification de notre société,) ainsi que la production de chaleur renouvelable (notamment due aux pompes à chaleur et aux installations au bois de plus en plus employées à la place du mazout).

Par contre, une évolution négative très éloignée des objectifs fixés est à déplorer pour la consommation de carburants (due notamment à l'augmentation du trafic individuel motorisé), la production d'électricité renouvelable sans les centrales hydrauliques (liée principalement au retard pris dans la réalisation des parcs éoliens), ainsi que la production d'hydroélectricité (aucune nouvelle installation n'a été mise en service et aucune installation actuelle n'a été améliorée).

Tendance à la hausse pour la facture énergétique

Suite à l'augmentation générale de la consommation d'énergie ainsi qu'à celle du prix des carburants et des combustibles, la facture énergétique totale du canton est passée de 611 millions de francs en 2009 à 655 millions en 2010. Pour l'année 2011, l'augmentation des prix a été compensée par la diminution de la consommation avec comme résultat une légère diminution de la facture qui s'élève à 652 millions de francs.

La volatilité des coûts des énergies fossiles ne peut qu'inciter à la prudence et justifier les mesures visant à économiser l'énergie, à l'utiliser de manière rationnelle et à favoriser les énergies renouvelables.