Une étude de l'Université de Neuchâtel confirme la faible participation politique des personnes de nationalité étrangère

02.11.2023

La participation politique des étrangères et étrangers se maintient à un niveau faible, en particulier pour les personnes de nationalité portugaise et espagnole. Cela malgré des droits étendus dans le Canton de Neuchâtel. Fort de ce constat, le Département de l'emploi et de la cohésion sociale, par le service de la cohésion multiculturelle (COSM), en collaboration avec le bureau de l'intégration et de la citoyenneté du Canton de Genève, a mandaté l'Université de Neuchâtel pour mener la première recherche d'envergure sur ce sujet dans les deux cantons. L'étude et des propositions d'actions ont été présentées ce jeudi 2 novembre 2023.

Afin de penser l'action en faveur de l'augmentation de la participation politique des personnes étrangères, les délégués aux étrangères et aux étrangers des cantons de Genève et de Neuchâtel se sont associés pour mandater une recherche auprès du Forum suisse pour l'étude des migrations et de la population (SFM) de l'Université de Neuchâtel. La recherche s'est concentrée sur les deux groupes présentant le taux le plus faible de participation politique parmi les personnes au bénéfice de droits en la matière : à savoir les personnes de nationalité portugaise et celles de nationalité espagnole. Le Canton de Neuchâtel compte quelque 12'000 habitant-e-s de nationalité portugaise (environ 7% de la population du canton et la première communauté étrangère) et environ 2'450 personnes de nationalité espagnole (1,4%, la quatrième communauté étrangère).

L'étude intitulée «Que des locataires !»​, réalisée entre 2021 et 2023, a été présentée ce jeudi 2 novembre 2023 en conférence de presse à Genève, en présence notamment du délégué aux étrangères et aux étrangers du Canton de Neuchâtel, Grégory Jaquet.

Droits politiques étendus, participation faible
Le Canton de Neuchâtel a été le premier canton suisse à octroyer le droit de vote communal pour les personnes de nationalité étrangère, dès 1849. En 2000, avec la nouvelle Constitution, il leur a accordé le droit de vote cantonal et en 2007 le droit d'éligibilité au niveau communal. Le Canton considère l'inclusion des personnes de nationalité étrangère dans la vie politique comme un axe majeur de la cohésion sociale et de la démocratie. Il est aujourd'hui celui qui dispose des droits politiques les plus étendus de Suisse.

Malgré ces décisions et à l'instar de ce qui est observé dans d'autres pays, les personnes de nationalité étrangère continuent de voter significativement moins que les citoyennes et citoyens helvétiques, quelle que soit l'échelle du scrutin concerné. Il ressort de cette étude que la participation électorale de la population étrangère est deux fois moins importante que celle des autochtones en Suisse. Lors des élections cantonales neuchâteloises de 2021, par exemple, 17% de l'électorat étranger a voté, contre 36% de l'électorat suisse.

Des actions en faveur de la participation politique
La participation politique faible des personnes de nationalité portugaise et espagnole s'explique par plusieurs facteurs sociodémographiques, économiques et culturels qui s'additionnent. L'étude révèle notamment la socialisation politique dans le pays d'origine, les projets migratoires individuels orientés partiellement vers le retour, le cadre strict de la politique migratoire suisse, les contraintes économiques liées notamment aux rentes des travailleuses et travailleurs actifs dans des secteurs à bas salaires ou le sentiment de discrimination.

Ces constats nourrissent les recommandations suivantes : il faut notamment créer des opportunités d'écoute et d'échange actives avec l'administration publique, tisser des liens entre les associations locales et les collectivités d'origine étrangère, développer la gestion participative de lieux-clés tels que les institutions publiques ou les écoles, favoriser la prise de contact personnalisée et adaptée avant les votes. L'étude précise que ces constats s'appliquent à d'autres populations étrangères, au-delà des personnes de nationalité portugaise et espagnole étudiées par l'Université de Neuchâtel.

La mise en œuvre de ces recommandations commencera par l'organisation cet hiver de deux forums invitant les personnes d'origine portugaise et espagnole établies dans le Canton de Neuchâtel à découvrir ces résultats et à échanger sur les mesures proposées. ​