Le cautionnement: quel impact sur l'économie neuchâteloise et quel avenir?

12.06.2014

​A l'occasion d'une conférence de presse tenue ce jeudi 12 juin 2014 au Château de Neuchâtel, le conseiller d’Etat Jean-Nath Karakash, chef du Département de l’économie et de l'action sociale (DEAS), et M. Jean Wenger, président de Cautionnement romand et de Neuchâtel Interface PME, ont évoqué l'impact du cautionnement sur l'économie neuchâteloise et l'avenir de ce dernier. Depuis 2007, 110 entreprises ont été cautionnées dans le canton de Neuchâtel, contribuant à créer ou à maintenir plus de 900 emplois. L’impact sur l’économie régionale et locale est donc considérable.

Le cautionnement en faveur des petites et moyennes entreprises aujourd’hui

Le cautionnement est un outil qui facilite l’accès au crédit bancaire, pour les PME et particulièrement pour les plus petites, indispensable pour financer leur création, leur développement, voire leur survie, dans un contexte économique où la politique pratiquée par les partenaires bancaires est devenue bien plus restrictive que par le passé.

Cautionnement romand peut s’engager jusqu’à un montant de crédit maximum de CHF 500'000.- en faveur d’un établissement bancaire établi sur sol helvétique qui sera à même d'offrir un intérêt préférentiel à l'entreprise.

L’efficacité et l’impact du cautionnement sur l’économie neuchâteloise

Depuis juillet 2007, 110 entreprises ont été cautionnées dans le canton de Neuchâtel, contribuant à créer ou à maintenir plus de 900 emplois, ce qui a permis la réalisation de projets évalués à près de CHF 52 millions.

L’impact sur l’économie régionale et locale est considérable, ce qui a d’ailleurs été démontré par les trois analyses d’efficacité du cautionnement suisse mandatées par le SECO et réalisées en 2013. En effet, les conclusions confirment que le système de cautionnement est performant et efficace, engendre des coûts faibles, et quelques fois même rémunérateurs.

Les évaluations montrent également que depuis la demande de cautionnement, le nombre des emplois croît en moyenne de 4,47 collaborateurs par entreprise bénéficiant d’un cautionnement.

Le conseiller d'Etat Jean-Nath Karakash a rappelé l’utilité et l’efficacité de cet instrument, qui contribue à la création ou au maintien d’emplois et promeut l’esprit entrepreneurial. Il a également souligné que cet outil a permis le maintien des centaines d'emplois entre 2009 et 2010 dans le cadre de mesures conjoncturelles exceptionnelles mises en place en collaboration avec des banques du canton. Dans un canton industriel et producteur de richesses, c'est un appui précieux à l'économie neuchâteloise quelle que soit la situation économique. 

Et le début de l’année 2014 le confirme puisque 11 entreprises ont déjà été cautionnées pour un montant de CHF 2,77 millions, représentant le maintien ou la création de 132 places de travail et un volume d’investissements de CHF 6,23 millions.

L’avenir du cautionnement suisse et des PME : la Motion Feller

M. Jean Wenger a indiqué que malheureusement, de l’aveu même de certains banquiers, le financement des PME est mis en péril par des contraintes réglementaires toujours plus importantes et plus exigeantes. Celles-ci renchérissent de facto les coûts, et se répercutent sur une fonction essentielle de l’économie : le crédit, mission première des banques, permettant aux entreprises de se créer, de se développer et de se transmettre, favorisant ainsi l’activité économique.

Par conséquent, les PME ont de plus en plus de peine à obtenir des crédits. De surcroît, les installations deviennent plus coûteuses, alors que la limite d’intervention des organisations suisses de cautionnement n’a quasiment pas évolué depuis 1986. Beaucoup de PME s’en incommodent, ne pouvant compter que sur un cautionnement allant jusqu’à CHF 500.000.-, souvent insuffisant lors de la transmission d’entreprise par exemple.

La motion du conseiller national Olivier Feller, qui vise l’"Augmentation du plafond d’intervention des Organisations de cautionnement en faveur des PME de CHF 500.000.- à CHF 1 million", permettrait de contribuer de façon encore plus importante qu’aujourd’hui à la création et au maintien de places de travail et d’apprentissage, à la conservation du savoir-faire, à la reprise et à la transmission d’entreprises, ainsi qu’à la diversification de l’économie suisse. Du reste, la majorité des appréciations ressortant des études sur l’efficacité et l’impact du cautionnement sont favorables au relèvement du montant maximal du cautionnement. Elles tombent donc à point nommé pour encourager les Chambres fédérales à accepter cette Motion.

M. Jean Wenger a relevé qu’il était "capital de finaliser cette demande pour le bien des PME et qu’il faut tout faire pour éviter que, alors bien que saines, des PME se voient refuser un crédit bancaire, souvent indispensable pour leur avenir".

Rappelant que le canton avait la volonté de cultiver l'esprit d'entreprise, le chef du DEAS Jean-Nath Karakash a ajouté que pour le bien des PME, il est effectivement indispensable de revoir cette limite à la hausse: "Neuchâtel, canton à vocation industrielle, est d'autant plus concerné par ce point car ses industries doivent consentir régulièrement à des investissements lourds, notamment en matériel de production, et que cela nécessite un accès aux crédits bancaires. De plus, nous savons qu'en raison de l'évolution démographique, un tiers des PME changeront de main durant les 10 prochaines années. Or de plus en plus de dossiers de cautionnement concernent des transmissions d'entreprises, il y en a 6 sur 11 uniquement pour le début de l'année 2014 dans le canton. Il y a donc là un enjeu pour maintenir les emplois et le savoir-faire régional".