Fleurs des pharaons, nouvelle exposition du Laténium

Vestiges botaniques et symboles de la vie éternelle en Egypte antique

17.05.2013

Les tombeaux égyptiens ont révélé des vestiges extrêmement émouvants : des guirlandes de fleurs déposées sur les sarcophages et les corps momifiés, qui offraient aux défunts la promesse de l'immortalité. Ressuscitant les jardins, les parfums et la symbolique des fleurs de l'Egypte antique, la nouvelle exposition du Laténium, "Fleurs des pharaons", invite à découvrir les guirlandes qui ornaient les momies des pharaons Ramsès II, Amenhotep Ier, Ahmosis et d'autres défunts, illustres ou oubliés. Mais le Laténium entraîne aussi le visiteur sur les traces des savants qui ont sauvé ces fragiles offrandes. Car comme le montre l’exposition, ce sont les recherches conduites sur les villages lacustres suisses qui ont permis la sauvegarde de ces vestiges botaniques délicats, miraculeusement préservés durant des millénaires. "Fleurs des pharaons" est à voir du 19 mai 2013 au 2 mars 2014.

Une exceptionnelle découverte toute récente

L'exposition "Fleurs des pharaons" est le fruit d'une découverte toute récente. En été 2010, l'archéobotaniste Christiane Jacquat a en effet réexhumé un trésor perdu dans les caves de l'Institut de botanique systématique de l'Université de Zurich: des fragments des guirlandes funéraires qui ornaient les momies des pharaons Ramsès II, Amenhotep Ier, Ahmosis et d'autres défunts. Recueillis en 1881 dans la cachette de Deir el-Bahari par le célèbre égyptologue Gaston Maspero, ces fragiles vestiges ont été offerts en 1890 au
Jardin botanique de Zurich, où l’on avait perdu leur trace par la suite. Hors d'Egypte, de telles guirlandes de fleurs ne sont conservées que dans les plus grands musées du monde : à Paris, Berlin, Londres, Vienne, New York, Leiden, Florence et Turin.

Afin de mettre en valeur cette trouvaille exceptionnelle, le Laténium a donc mis sur pied une collaboration avec l'Université de Zurich, confiant à Christiane Jacquat le commissariat scientifique d’une exposition résolument originale, qui associe les perspectives de la botanique et de l’archéologie à celles de l’égyptologie et de l’histoire des sciences, grâce à la contribution des commissaires associées, Isadora Rogger (Université de Genève) et Géraldine Delley (Université de Neuchâtel).

Pour restituer l’univers funéraire et la symbolique des fleurs dans l’Egypte antique, l’exposition "Fleurs des pharaons" a suscité des interventions artistiques très variées (dessins, lectures, film d’animation et sculptures en papier). Appuyée sur des partenariats avec la Haute Ecole Arc conservation-restauration de Neuchâtel et avec le Jardin botanique de Neuchâtel, elle a fait appel aux prêts de nombreux objets et documents conservés en mains publiques et privés, en Suisse et à l’étranger. A ce titre, on relèvera en particulier le prêt exceptionnel des pièces maîtresses de la collection d’égyptologie du Musée ethnographique de Neuchâtel (MEN), qui ont bénéficié d’une ambitieuse campagne de restauration et de conservation conduite conjointement par les équipes du MEN et du Laténium.

Le parcours de l’exposition

Une fois franchie la porte d’entrée monumentale de l’exposition, le visiteur est saisi par l’évocation de la découverte de la cachette de Deir el-Bahari, en 1881, ce caveau funéraire où les prêtres d’Amon avaient dissimulé les dépouilles "de familles entières de pharaons… les plus illustres peut-être qui aient régné sur l’Egypte", selon le témoignage du découvreur, le célèbre égyptologue Gaston Maspero. Dans la pénombre d’un bleu nuit restituant la magnificence et le faste de l’Egypte antique, les vestiges délicats des
guirlandes florales miraculeusement préservés sont disposés devant un alignement hiératique de sarcophages richement décorés, évoquant l’univers funéraire au sein duquel ces fleurs éphémères avaient valeur de promesses d'éternité.

Le visiteur pénètre alors dans une chambre sépulcrale où résonnent les invocations du Livre des Morts destinés à assurer l’immortalité de Nakht-ta-Netjeret, gardien de la porte de Mout à Karnak. Reposant dans la cuve d’un sarcophage, la momie du défunt trois fois millénaire est habillée d’une lumière d’outre-tombe réfléchie par un film d’animation répétant inlassablement la confection des guirlandes sacrées.

L’exposition se déploie ensuite sur un mode plus classique, mobilisant des stèles, des vases, des coupes, des figurines en bois, des papyrus, des fioles à onguents, des amulettes, des bijoux et des offrandes alimentaires, pour traiter des principales thématiques relatives au monde végétal dans l’Egypte antique. "Fleurs des pharaons" aborde ainsi successivement les fonctions économiques et religieuses des jardins égyptiens, la symbolique des plantes, la dualité du nénuphar bleu et du lotus d’Egypte dans les croyances antiques, le rôle et la signification des parfums et des senteurs, la parure et les ornements, ainsi que les offrandes aux dieux et aux défunts, où les végétaux occupaient une place de choix.

Développant une approche novatrice, le dernier secteur de "Fleurs des pharaons" illustre enfin les relations souvent méconnues qu'ont entretenues l'égyptologie, l'archéologie préhistorique et les sciences naturelles, à la fin du 19e siècle. Comme le montre le laboratoire restitué à l'issue du parcours de l’exposition, où se mêlent échantillons botaniques et documents scientifiques d'Egypte et de Suisse, ces interactions fécondes ont été stimulées par les recherches sur la préhistoire lacustre. Inspirés par les analyses des restes botaniques mis au jour sur les rives des lacs suisses, les savants qui ont sauvegardé les guirlandes florales des pharaons savaient en effet que ces offrandes funéraires pouvaient nous renseigner, non seulement sur les rituels, les croyances et les symboles religieux de l'antiquité égyptienne, mais aussi sur la végétation, les pratiques agricoles et les coutumes alimentaires des anciens habitants des rives du Nil.

Avec cette exposition dédiée aux trouvailles parmi les plus émouvantes des tombeaux des pharaons, le Laténium souhaite ainsi souligner l'importance des collaborations interdisciplinaires et la proximité archéologique insoupçonnée entre les fastes insolites de l'Egypte antique et les témoignages les plus fragiles de notre lointain passé régional.

Un riche programme d'activités autour de l'exposition, aussi pour le jeune public

L’équipe de médiation culturelle du Laténium a élaboré une large palette d’activités pour accompagner la découverte de l’exposition "Fleurs des pharaons". Lors de visites spéciales "experts", les commissaires de l'exposition guideront le public au fil de leurs recherches, entre botanique, égyptologie, histoire et archéologie. Le travail des conservateurs en coulisses sera également à l'honneur, à l’occasion d’un après-midi "Les sarcophages sous la loupe" dédié à la présentation des importants travaux de restauration conduits sur la momie Nakht-ta-Netjeret et sur les sarcophages exposés au Laténium. Des moments privilégiés seront encore réservés aux enfants, qui pourront faire connaissance avec les mythes égyptiens en écoutant le récit d'une conteuse.

Pour les jeunes publics et les groupes scolaires, l’atelier pédagogique "Peinture sur papyrus" a été créé autour du thème de l’exposition, de même qu’une offre conçue en collaboration avec le Jardin botanique de Neuchâtel : après la visite de l’exposition au Laténium, les enfants pourront se rendre au Vallon de l’Ermitage pour assister à la démonstration de la confection d’un véritable collier de fleurs dans le style égyptien.

Dernière nouveauté au Laténium : un "programme duo" destiné à encourager les interactions entre parents et enfants. Accompagnés d’un adulte, les jeunes pourront découvrir l’exposition puis participer en duo à l’un des ateliers créatifs : "Peinture sur papyrus" (dès 6 ans), ou "Confection d’une fleur égyptienne en papier" (dès 8 ans).