Nouvelle exposition au Laténium

26.03.2024

​À partir du 29 mars 2024 et jusqu'au 12 janvier 2025, le Laténium présente une nouvelle exposition intitulée "Dans les camps. Archéologie de l’enfermement​".

Les camps de la Seconde Guerre mondiale sont des sites archéologiques comme les autres. Si certains centres de mise à mort sont devenus emblématiques de la terreur nazie, quantité d’autres lieux d’enfermement – camps de concentration, camps de travail forcé, camps de prisonniers de guerre – se sont peu à peu effacés de notre mémoire collective. Depuis plus de trente ans, les archéologues documentent les empreintes discrètes que ces aménagements précaires ont laissées dans le paysage. À travers 650 objets provenant de différents camps, en France, en Pologne et en Allemagne, le Laténium raconte cette archéologie d’un passé récent.

Par une lecture des vestiges au ras du sol et un examen minutieux des masses d’objets recueillis lors de fouilles, l’archéologie éclaire la vie quotidienne des détenu-es, souvent occultée dans les sources historiques et les témoignages oraux. Par un changement d’échelle et un basculement du regard, l’archéologie donne ainsi accès à ces actions banales, intimes ou prohibées. Présentant 650 objets mis au jour lors des fouilles archéologiques de différents camps en France, en Pologne et en Allemagne, cette exposition nous confronte de façon tangible aux efforts consentis par des millions d’individus pour s’adapter et résister à l’enfermement collectif, la pénurie, la déshumanisation, la brutalité, l’angoisse, l’ennui et l’arbitraire. Alors que la dernière génération des survivant-es de la Seconde Guerre mondiale s’éteint et que le vide laissé par le démantèlement de ces lieux de vie et de mort est progressivement rempli par de nouvelles constructions, vivre dans des camps marque encore l’existence d’innombrables êtres humains à travers le monde. C’est cette vie au quotidien, dévoilée par des objets infimes, que l’exposition Dans les camps. Archéologie de l’enfermement vous fera découvrir.

Des ateliers philosophiques pour accompagner la visite

En collaboration avec quatre classes d’enfants de 9 à 11 ans de Neuchâtel, le Laténium a conçu un audioguide et un podcast qui permettront de découvrir l’exposition en amont, sur place ou après la visite. Les enfants ont participé à des ateliers philosophiques thématiques dirigés par la metteuse en scène Muriel Imbach et le créateur sonore Gérald Wang. Ensemble, ils et elles ont réfléchi à des notions comme la privation de liberté, l’injustice, la créativité pour rester soi-même ou la mémoire. En s’étonnant du quotidien des prisonnier-ères des camps et de ce que l’archéologie permet d’éclairer, les participant-es ont donné des réponses collectives à des questions essentielles. Alors que la vie dans des camps constitue aujourd’hui encore une réalité, les réflexions menées dans les ateliers philosophiques permettent aussi de donner du sens au monde qui nous entoure.

Une scénographie qui évoque l’enfermement

Puisque les objets exposés documentent la vie quotidienne des détenu-es, le scénographe Adrien Moretti a conçu un espace évoquant l’organisation rigoureuse du camp dont la particularité est de ne pas être destiné à durer.

Les couleurs des parois et des vitrines oscillent entre le beige et le gris. En guise de plafond, une grande structure en forme de croix, symbole d’exclusion, génère un sentiment d'oppression et rappelle les conditions de vie des prisonnier-ères. Le public déambule sur ce qui ressemble à un sentier de terre battue, à travers quatre espaces thématiques séparés par des parois semi-transparentes qui créent des jeux d’ombre et évoquent l’intérieur des camps.

L’exposition traite des quatre thèmes suivants : « Ce qui fait camp » présente des objets qui se rapportent aux infrastructures, à la hiérarchie et à la soumission par le travail ; « Créer pour exister » parle de l’économie de la résistance en exposant des objets fabriqués par les détenu-es ; « L’extérieur vu de l’intérieur » raconte, à travers des objets, comment le dehors apparaît aux personnes enfermées; « S’attacher aux traces matérielles pour conjurer l’oubli » met l’accent sur la portée mémorielle des objets et des traces dans le paysage lorsqu’il s’agit de parler des camps.

Une création d’Ania Szczepanska, d’une durée d’environ 10 minutes, propose des vues actuelles de différents camps en mêlant des témoignages d’ancien-nes déporté-es devenu-es écrivain-es. Son film questionne le devenir de ces lieux, entre souvenir, survivance et dégradation.

Enfin, une série d’interviews réalisées par le vidéaste Philippe Calame rend compte des questions que posent ces vestiges particuliers que sont les camps. Comment les fouille-t-on ? Devons-nous les restaurer ? Qu’est-ce que l’archéologie apporte de nouveau à leur connaissance ? Pourquoi les objets que l’on y découvre nous touchent autant ?

Programme-cadre

De nombreuses visites et conférences spéciales accompagneront l’exposition tout au long de l’année. Un cycle de projections mis sur pied en collaboration avec Cinepel, Passion Cinéma, La Lanterne magique et le FIFDH (Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains) sera présenté au cinéma Rex à Neuchâtel.

Informations plus détaillées : www.latenium.ch/agenda

Informations complémentaires

  • ​L’exposition sera inaugurée le jeudi 28 mars à 18h00. À l’issue de la partie officielle, Louis Jucker, artiste, musicien et bricoleur, proposera une création musicale à partir d’objets détournés, faisant écho à certaines thématiques de l’exposition.

  • Le podcast « Objets enfermés, les enfants racontent », sera disponible sur le site internet du musée et sur les plateformes de streaming comme Spotify, Apple Music ou encore Google Podcast dès le mois de juin.


​Photo: Laténium, Guillaume Perret