Quittances médiévales

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Un volumes à onglets vides, dont les quittances ont été retirées pour être restaurées et un volume de quittances montées sur onglets avant restauration.


Un témoignage rare de l'administration comtale du XVe siècle à mettre en valeur

Les Archives de l'État de Neuchâtel conservent quasi miraculeusement les quittances - plus de 15'000 pièces ! - de l'administration comtale du XVe siècle. Une minorité de documents date des XIVe et XVIe siècles. 

Le projet actuel consiste à restaurer et à numériser ces quittances (conservées dans 17 volumes cotés RD-203 à RD-219) avant de pouvoir les mettre à disposition des chercheurs et du public. Les volumes RD-203 à RD-208 ont déjà été restaurés, et le RD-203 (946 quittances) a été entièrement numérisé, filigranes compris.


Conservation

Comment ces quittances ont-elles survécu, alors qu’elles sont dans la plupart des cas détruites quelque temps après leur enregistrement? À l’origine, elles étaient reliées par lots de dix, au moyen d’une ficelle. En 1829, l’archiviste Louis de Marval décide de défaire ces liasses et de coller les pièces sur des onglets dans des registres. Depuis quelques années, ces registres sont à leur tour démontés, afin de placer les pièces dans du matériel de conservation répondant aux normes actuelles.


Fonction des quittances

Les registres de comptes (également conservés) et les quittances (ou justificatifs comptables) poursuivent le même but: consigner les transactions financières et économiques de l'administration comtale. Les premiers résument le contenu et les sommes des seconds. La table des matières des registres aide à reconstituer le lien avec les quittances.

Concrètement, les quittances passent de mains en mains, de sorte que la transaction financière et économique puisse se réaliser, et ce avant qu’elle ne soit consignée dans un registre (enregistrement). Les inscriptions dans le registre sont dûment surveillées par le comte : des séances d’audition ont lieu en présence de témoins.


Beurre et bonne ripaille à la table de la comtesse

"Beurre et bonne ripaille à la table de la comtesse"…? Ce titre a priori saugrenu témoigne pourtant d’une réalité: celle des justificatifs comptables qui mettent en lumière différentes transactions économiques qui attestent de la circulation de denrées alimentaires les plus diverses à la cour comtale, allant du beurre à la cannelle, en passant par les bondelles et les brochets.

Cette thématique a été étudiée par l'historienne Jacqueline Lozeron dans les années 1940, puis présentée en 2018 sous forme d'une exposition par Florian Grob, stagiaire de l'Institut d'histoire de l'Université de Neuchâtel aux Archives de l'État.

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Détail d'une quittance de 1448, scellée par la comtesse Marie de Chalon (avant restauration) [RD-209.423].

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Une quittance restaurée: le receveur Conrad de Diesse atteste que Jean Ravenel a livré du beurre à la comtesse tous les dimanches durant un an et 28 semaines, pour 4 livres et 2 sous [RD-203.20].
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Le filigrane en grappe de raison d'une quittance du 22 juillet 1449 [RD-203.397].


  

Un volume avec ses quittances montées sur onglet en 1829 [RD-209].


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Les quittances (avant restauration) vues par le photographe Emmanuel Baud en 2008 ©.


Jacqueline Lozeron

 

L'historienne et archiviste Jacqueline Lozeron (1910-1957), spécialiste du XVe siècle, a montré tout l'intérêt que revêt l'étude des quittances pour l'histoire non seulement économique mais aussi sociale et culturelle.

Notice "Lozeron, Jacqueline" du DHS

Quelques articles du Musée neuchâtelois dans lesquels Jacqueline Lozeron exploite nombre de quittance à propos de la cuisine à la cour de la comtesse Marie de Chalon: