La législature qui débutera le 30 mai prochain fera date dans l’histoire des femmes du canton de Neuchâtel : jamais elles n’auront été si nombreuses à siéger dans l’hémicycle du parlement. Après avoir connu une baisse quasi constante depuis le début du siècle, les élues neuchâteloises au législatif cantonal dépassent désormais pour la première fois la barre symbolique des 30%. Une progression spectaculaire !
Avec 39 femmes élues sur 115 député-e-s, soit près de 34%, le parlement neuchâtelois se place dans le trio de tête des parlements cantonaux, ex-aequo avec Zurich. La parité est encore loin, mais la chute enregistrée en 2013 avec seulement 22,6% de femmes élues est désormais corrigée par cette croissance de plus de dix points.
Alors que Neuchâtel se classait en 2013 au 14e rang des cantons suisses, il est aujourd’hui troisième avec 33,9% de femmes élues à égalité avec Zurich, derrière Bâle-Campagne (37,8%) et Argovie (36,4%). À noter que le mouvement semble général puisque la moyenne suisse est passée, en quatre ans, de 24,8% à 27,2%. La progression à Neuchâtel n’en est pas moins spectaculaire : au-dessous de la moyenne suisse en 2013, ce canton, qui a été l’un des fers de lance de la lutte des femmes suisses pour leurs droits politiques au 20e siècle, renoue donc avec son histoire.
Les résultats des dernières élections ne sont pas dus à un nombre plus élevé de candidatures, mais à un taux d’élection plus important (rapport entre nombre de candidates et nombre d’élues). De ce point de vue, la progression est encore plus spectaculaire. Hormis un petit sursaut en 1993, le taux d’élection des femmes a toujours été plus faible que celui des hommes. Or, aux élections de ce printemps, les femmes ont eu un taux de réussite bien supérieur à celui des hommes (122% contre 92%, voir tableau ci-dessous). L’exception de 1993 a pu s’expliquer par la non-élection de Christiane Brunner au Conseil fédéral et l’écho médiatique donné à cet événement. A noter que l’office de la politique familiale et de l’égalité (OPFE) a organisé à deux reprises des formations pour encourager les femmes à s’engager en politique et leur donner des outils pratiques (prise de parole en public, stratégie etc.). 52 femmes ont pris part à ces formations en 2014 et 2015 dont dix ont été élues ou réélues ce printemps. L’avenir dira si les élections 2017 auront constitué un tournant durable ou une nouvelle exception.
Rappelons qu’en Suisse la première femme élue dans un parlement cantonal était la Neuchâteloise Raymonde Schweizer en 1960 et que le peuple neuchâtelois a été le premier, en 1919, à se prononcer sur l’octroi du droit de vote et d’éligibilité. Si le peuple avait dit OUI, Neuchâtel aurait alors été l’un des premiers États dans le monde à accorder la pleine citoyenneté aux femmes, aux côtés de pionniers tels que la Nouvelle-Zélande, l’Australie, La Russie, l’Allemagne ou les pays scandinaves.
