Le Conseil d’État en appelle à la responsabilité collective pour éviter le blocage des réformes

23.11.2016

​Grève dans l’enseignement, manifestation contre l’austérité, contestation du programme d’assainissement et des grandes réformes en cours sont autant d’expressions d’une inquiétude grandissante face à la situation économique, sociale et financière que traverse le canton, ainsi qu’aux transformations que cette situation implique. Le Conseil d’État estime que ces craintes sont compréhensibles. Elles doivent être prises en considération dans le cadre du débat politique qui accompagne la recherche de solutions permettant de surmonter les difficultés. Le gouvernement rappelle cependant que notre canton ne pourra poser les bases de son développement futur que pour autant que toutes les composantes de la société neuchâteloise participent aux efforts. À l’inverse, une situation de blocage ou d’enlisement ne ferait que des perdants. Dans cette perspective, le gouvernement lance un appel à toutes les forces constructives du canton, en souhaitant qu’elles s’interrogent avant tout quant aux efforts qu’elles peuvent consentir et aux contributions qu’elles peuvent fournir pour permettre à notre canton de retrouver au plus vite une dynamique de prospérité durable.

Un contexte exigeant

Le canton de Neuchâtel est fortement touché par la dégradation économique qui frappe de nombreux secteurs d’activité. Malgré un recours accru au chômage partiel dans l’industrie, le nombre d’emplois est en recul, tout comme la masse salariale globale. Et si les volumes restent élevés en termes de production de richesses, les marges bénéficiaires ont fondu. Cette conjoncture difficile impacte l’ensemble de la population, les entreprises et, par effet de cascade, les collectivités publiques.

Le Conseil d’État est d’avis que cette situation constitue une sérieuse menace pour la cohésion cantonale, la paix sociale et la capacité d’action actuelle et future de l’État. Pour la surmonter et retrouver une dynamique de prospérité durable, notre canton doit se repenser, adapter ses structures, son organisation et ses prestations à la réalité de ses moyens. Et il doit se montrer capable le faire sans hypothéquer l’avenir, ce qui implique de continuer à investir pour poser les bases de notre développement futur. 

C’est avec la ferme volonté de relever le défi que le gouvernement sollicite des efforts de la part de toutes les composantes de la société neuchâteloises. Des efforts parfois douloureux, mais qui sont équilibrés, supportables et surtout nécessaires. 

Appel du Conseil d’État

Dans ce contexte exigeant, le Conseil d’État a pris connaissance de la décision des syndicats de l’enseignement de reprendre un mouvement de grève ce jeudi. Il a également pris connaissance de l’appel général à manifester contre l’austérité lancé par plusieurs organisations et partis politiques pour la journée de samedi. 

Ces réactions sont compréhensibles et le gouvernement respecte les craintes exprimées. Ces dernières doivent être prises en considération dans le cadre du débat public accompagnant la recherche des meilleures solutions possibles pour faire face à la situation difficile que notre canton traverse. 

Le gouvernement souhaite par contre éviter l’enlisement durable d’une crise sociale, qui ne ferait que des perdants. En effet, dans la situation actuelle, nombreux sont celles et ceux qui auraient des motifs de clamer leurs craintes, leurs frustrations, leurs difficultés et leur mécontentement. Mais il serait dangereux de céder à la tentation du blocage, de nier la nécessité d’agir ou même de reporter à plus tard la recherche de solutions. Dans un contexte marqué par une évolution rapide de l’environnement national et international, notre canton doit en effet se donner les moyens de se positionner face aux enjeux qui apparaissent et de saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent. 

Le Conseil d’État appelle donc toutes les forces constructives de ce canton à s’interroger davantage sur les efforts qu’elles peuvent consentir et la contribution qu’elles peuvent fournir pour améliorer la situation. 

Conditions de travail du personnel enseignant

C’est dans cet état d’esprit que le Conseil d’État a adressé hier sa réponse aux syndicats du personnel enseignant, comme suit :

  • Tout d’abord, le gouvernement considère que l’école obligatoire est le ciment de la cohésion sociale. Il considère également que c’est uniquement sur la base d’une formation obligatoire et postobligatoire de qualité que le développement de notre société peut se fonder. Il est convaincu enfin que les multiples défis auxquels se confrontent les enseignantes et enseignants au quotidien sont de plus en plus nombreux. 
  • En conséquence, le gouvernement estime que l’amélioration des conditions de travail est une priorité qui prime sur les perspectives individuelles de progression salariale du personnel ou la préservation des salaires théoriques de carrière. 
  • Le Conseil d’État a donc confirmé que, sous réserve de l’adoption du budget, il était prêt à donner suite, en 2017 déjà, à plusieurs revendications importantes portant sur l’amélioration des conditions de travail. 
  • Le gouvernement a également confirmé l’entrée en vigueur de la nouvelle grille salariale avec effet au 1er janvier prochain. Après deux années de discussions consacrées sans succès à la recherche d’un accord, le Conseil d’État estime en effet qu’il n’est plus défendable de prolonger la période transitoire et la situation d’incertitude qu’elle génère pour les collaboratrices et collaborateurs. 

Enfin, le Conseil d’État profite de l’occasion pour rappeler que la nouvelle grille n’engendre, pour le personnel en place, aucune diminution des salaires, mais des limitations dans les rythmes de progression salariale pour certaines classifications. Parallèlement, les conditions de travail sont améliorées et les plus bas salaires actuellement servis sont revalorisés. Il s’agit donc d’un effort supportable demandé au personnel enseignant, d’autant plus que ce dernier n’est pas concerné par l’augmentation du temps de travail prévue dans le cadre du programme d’assainissement. 

Invitation aux syndicats du personnel enseignant et aux partis politiques

Dans le but de poursuivre le dialogue malgré les désaccords et de rechercher une issue au conflit ouvert, le Conseil d’État a invité les représentant-e-s des syndicats du personnel enseignant à une rencontre dans le courant de la semaine prochaine.

Le gouvernement a également invité les responsables des partis politiques et groupes représentés au Grand Conseil à un échange sur la situation politique et sociale. Il souhaite évoquer avec eux le risque que les contestations sociales – relayées désormais au plan politique – ne bloquent durablement les évolutions indispensables et le bon fonctionnement des autorités, ce qui serait particulièrement dommageable à la veille d’échéances cruciales pour dessiner l’avenir du canton.