Marché cantonal de l'emploi

Affiner l'analyse des faits pour mieux agir ensemble selon une étude mandatée conjointement par le Canton et la CNCI

10.03.2016

La Chambre neuchâteloise du commerce et de l'industrie (CNCI) et le Département de l'économie et de l'action sociale (DEAS) ont présenté aujourd'hui les résultats d'une étude qu'ils ont mandatée conjointement. Cette étude en deux volets a été réalisée par l'Université de Neuchâtel et le service cantonal de statistique (STAT). Elle met en regard différentes données relatives à la structure de l'emploi, à l'emploi frontalier et au profil des demandeurs d'emploi, cela dans une approche par branche. Cette étude démontre d'une part que l'emploi frontalier joue un rôle essentiel pour assurer la disponibilité de compétences, que le marché local de l'emploi ne peut satisfaire. D'autre part, elle permet d'identifier des pistes concrètes pour orienter l'appui offert aux chômeurs neuchâtelois, afin de maximiser leur chance de retrouver un l'emploi. L'État de Neuchâtel et la CNCI entendent à présent œuvrer conjointement à la mise en œuvre de la nouvelle stratégie d'intégration professionnelle, tout en s'engageant pour conserver un accès ouvert au marché de l'emploi européen.

Dans le cadre de son rapport relatif à l'intégration professionnelle (15.047), actuellement en traitement au Grand Conseil, le Conseil d'État a analysé les raisons pour lesquelles les milliers d'emplois créés ces dernières années n'ont pas permis de réduire le niveau élevé du chômage dont souffre le canton. Afin qu'à l'avenir, les emplois disponibles profitent davantage aux demandeurs d'emplois, une nouvelle stratégie cantonale a été définie. Cette dernière repose, d'une part, sur un partenariat renforcé entre l'État et les employeurs et, d'autre part, sur un appui renforcé aux demandeurs d'emplois, pour les aider à renforcer leur employabilité en regard des besoins du marché de l'emploi.

Une collaboration intense entre les milieux économiques et le dispositif public est essentielle au succès de la nouvelle stratégie. C'est dans cette perspective que la CNCI et l'État de Neuchâtel ont décidé de mandater conjointement une étude en plusieurs volets, qui offre une vision plus fine de la situation des principales branches d'activité. Les résultats permettront de prioriser efficacement les actions à entreprendre, l'intérêt commun consistant à assurer la disponibilité des compétences dont ont besoin les entreprises, tout en contribuant à réduire le niveau du chômage.

L'étude synthétise sous forme de fiche par branche les résultats de deux analyses :

  • Une analyse économétrique relative au recours à la main-d'œuvre frontalière, menée par l'Institut de recherches économiques de l'Université de Neuchâtel (IRENE); 
     
  • Une analyse statistique de la structure de l'emploi et du chômage par branche, menée par le service cantonal de statistique (STAT).

Des enseignements utiles pour mieux appuyer les demandeurs d'emplois

Les résultats de l'étude donnent un éclairage complet sur les principales branches d'activité du canton. Ils montrent des évolutions très contrastées, qui traduisent les importants changements intervenus en quelques années dans la structure de l'emploi.

Cette évolution rapide a un impact important sur l'adéquation entre l'offre et la demande de compétences. Actuellement, certaines branches comptent un nombre de demandeurs d'emplois excessivement élevé en regard du nombre d'emplois, ce qui limite évidemment les perspectives de réinsertion. À l'inverse, le volume d'emploi est élevé en regard du nombre de demandeurs d'emploi dans d'autres branches. Ces constats permettent de cibler l'appui aux demandeurs d'emploi qui cherchent à se réorienter. Dans certaines branches, le nombre d'emplois est suffisant pour offrir de bonnes chances de réinsertion, mais c'est le niveau de qualification qui n'est pas en adéquation avec les besoins. Il s'agit alors de renforcer les appuis aux démarches de perfectionnement professionnel.

Ces différents enseignements permettront de prioriser les actions à entreprendre en collaboration avec les entreprises et les associations professionnelles pour offrir aux demandeurs d'emplois un appui renforcé, en adéquation avec les besoins. La même réflexion s'applique à plus long terme en ce qui concerne l'évolution de l'offre de formation. Inscrites dans une perspective durable, ces démarches contribueront à pallier le manque de disponibilité locale de main-d'œuvre pour certains profils de compétences dont le tissu économique a besoin, tout en réduisant le niveau du chômage à moyen terme.

L'importance d'un marché de l'emploi ouvert

L'étude démontre également que le développement de l'emploi frontalier est généré de manière déterminante par l'absence de main-d'œuvre répondant aux besoins de qualification sur le marché local de l'emploi. Ce qui prouve ainsi que dans la plupart des principales branches d'activité, il n'existe pas de "phénomène de substitution" mesurable qui consisterait à privilégier l'engagement de personnel frontalier lorsque les compétences sont disponibles localement. Ce constat général doit toutefois être nuancé dans certaines branches du secteur tertiaire dans lesquelles un tel phénomène de substitution ne peut pas être exclu. Mais même s'il devait s'avérer, ce ne serait en aucun cas dans une ampleur qui permettrait d'expliquer la croissance de l'emploi frontalier durant ces dix dernières années.

Le maintien d'un accès ouvert au marché de l'emploi européen reste donc essentiel pour répondre aux besoins de compétences qui ne sont pas disponibles localement. Tant l'État que la CNCI estiment que l'introduction de restrictions en la matière aurait un effet contraire au but recherché, en mettant en péril aussi bien le développement économique que le maintien des emplois existants, avec un effet négatif sur l'évolution du chômage.

En s'appuyant sur les constats qui précèdent, la CNCI et l'État entendent poursuivre leur collaboration pour faciliter l'accès aux compétences dont le tissu économique a besoin, en s'engageant pour renforcer la formation et l'intégration professionnelles, ainsi que pour maintenir un accès ouvert au marché de l'emploi au-delà des frontières nationales. Cela notamment par des logiques préventives d'analyse des besoins qui seront menées de concert avec le Département de l'éducation et de la famille afin de pouvoir dégager les priorités et l'adaptation des formations de base et d'adultes, en particulier dans l'accompagnement du choix des voies professionnelles pour les jeunes en fin de scolarité obligatoire.