Hôpital neuchâtelois (HNE)

Le Conseil d'Etat prend position pour le maintien de prestations sécuritaires et de qualité dans le canton

01.07.2015

Le Conseil d’Etat accepte les demandes d’HNE l'autorisant à être délié de certaines options stratégiques décidées en 2012 et adresse un rapport au Grand Conseil dans ce sens. Les Centres de traitement et de réadaptation (CTR), les heures d'ouverture de la policlinique du site du Val-de-Travers, ainsi que les soins intensifs et les travaux à réaliser sur le site de La Chaux-de-Fonds sont concernés. Le Conseil d'Etat considère que des décisions doivent être prises rapidement pour permettre au canton de Neuchâtel de maintenir une sécurité et une qualité des soins appropriée. Avant de prendre toute autre décision concernant les options stratégiques, il entend désormais attendre les résultats des études sur l'organisation à long terme d'HNE.

Entre décembre 2014 et avril 2015, le Conseil d'Etat a été saisi par HNE de demandes l'autorisant à être délié de certaines options stratégiques décidées par le Grand Conseil en avril 2012. Ces demandes portaient sur l'organisation des CTR, sur les heures d'ouverture de la policlinique du Val-de-Travers, sur l'organisation des soins intensifs ainsi que sur la rénovation du site de La Chaux-de-Fonds.

Devant un constat de pénurie de personnel qualifié, de sérieuses difficultés de recrutement et une réforme en profondeur du financement hospitalier ainsi que dans un contexte de forte pression financière, le Conseil d'Etat a arrêté aujourd'hui ses réponses aux demandes d'HNE sur la remise en question de certaines options stratégiques. Ces réponses prennent la forme d'un rapport adressé au Grand Conseil qui est compétent en la matière, en vertu de la loi sur l'Etablissement hospitalier multisite cantonal (LEHM).

Des options stratégiques impossibles à maintenir

La nouvelle structure tarifaire qui s'appliquera, dès 2018, au domaine de la réadaptation impose aux hôpitaux d'adopter une organisation par filière de prise en charge. Permettre à HNE de se projeter dans ce nouveau modèle de prise en charge nécessite un regroupement de son activité de réadaptation, pour l'heure sur deux sites, ceux du Locle et de Landeyeux, au lieu de quatre actuellement. Par ailleurs, les dernières statistiques d'activité de la policlinique du Val-de-Travers - qui prend en charge en moyenne un patient toutes les trois nuits - confortent le Conseil d'Etat dans son appréciation de la situation et ses réserves, formulées en 2012 déjà quant à l'efficience de maintenir cette structure ouverte en permanence (24h/24).

Fort de ces constats, le gouvernement cantonal propose au Grand Conseil de remettre en question les options stratégiques relatives à l'organisation des CTR, impliquant par la même occasion une révision de la LEHM, ainsi que celle prévoyant une ouverture continue de la policlinique du Val-de-Travers. Ce dernier site, ainsi que celui de La Béroche, verront leur affectation modifiée selon des modalités encore à définir et d'ores et déjà discutées avec les autorités communales. Des mesures d'accompagnement sont prévues par le Conseil d'Etat qui veillera notamment à ce qu'une réponse adéquate soit proposée à la population du Vallon durant les heures de fermeture de la policlinique.

Des décisions à prendre dans l'urgence mais pas dans la précipitation

Le gouvernement cantonal considère que les demandes d'HNE appellent une réponse urgente, raison pour laquelle il renonce à attendre les résultats des études sur l'organisation à long terme de l'institution qui seront disponibles à l'été 2016. Cela dit, si certaines décisions lui paraissent évidentes, d'autres le sont moins.

S'agissant des soins intensifs, le Conseil d'Etat admet que leur organisation sur deux sites, telle qu'on la connaît aujourd'hui, est fortement fragilisée par la pénurie de personnel qui touche cette spécialité. Poursuivre dans cette voie conduirait à prendre un risque important qu'il n'est pas prêt à courir. En ce sens, la proposition d'HNE de centraliser les soins intensifs sur le site de Pourtalès et de créer des lits de soins continus sur celui de La Chaux-de-Fonds semble cohérente et réaliste. Le gouvernement cantonal rappelle cependant que l'organisation future d'HNE dans ce domaine n'est pas encore arrêtée et que celle-ci va dépendre de facteurs encore inconnus à ce jour. Il n'entend donc pas se précipiter pour prendre une décision lourde de conséquences pour l'organisation de l'hôpital et pouvant notamment sceller le sort d'un scénario à l'étude dans le cadre des réflexions actuellement en cours sur l'organisation spatiale à long terme de l'institution (celui prévoyant deux sites urbains accueillant des prestations de médecine aiguë, de gériatrie et de réadaptation, l'un d'eux abritant également les missions de soins aigus spécialisées: gynécologie-obstétrique, chirurgie, etc.). Il propose dès lors de suspendre temporairement les options portant sur les soins intensifs, souhaitant également attendre les résultats d'un monitoring conduit par HNE ainsi que ceux d'un mandat confié à un expert externe pour juger définitivement de la pertinence des propositions de l'hôpital.

Une appréciation similaire est portée par le Conseil d'Etat concernant les investissements nécessaires à la rénovation des unités de soins du site de La Chaux-de-Fonds. Comme il a déjà eu l'occasion de s'en expliquer après avoir procédé à la construction de trois salles d'opération et proposé la rénovation du hall d'entrée, il entend également suspendre cette option stratégique pour la part concernant les unités de soins dans l'attente de connaître les principes de l'organisation à long terme d'HNE et de voir dans quelle mesure la capacité d'investissement de l'institution permet un investissement d'une telle envergure. Il demande aujourd'hui la validation formelle du Grand Conseil sur cette suspension.

Maintenir des prestations dans le canton en attendant l'hôpital de demain

De manière générale, le Conseil d'Etat est convaincu que les changements proposés vont contribuer à augmenter la qualité de la prise en charge des patients, à améliorer l'image et l'attractivité de l'institution, à réaliser des économies et à favoriser la rentabilité. Ces gains seront obtenus en maintenant, voire en améliorant le niveau de sécurité sanitaire actuel et en garantissant un accès adéquat aux prestations pour la population, ce qui reste la priorité du gouvernement.

Idéalement, ces décisions devraient pouvoir se prendre sur la base des perspectives d'organisation à long terme d'HNE. Or, les travaux y relatifs ont débuté au mois de mars et les résultats seront présentés à l'été 2016. Aujourd'hui, pour la dernière fois, le Conseil d'Etat invite le Grand Conseil à le suivre sur un chemin qui n'est pas encore parfaitement balisé mais qui doit permettre le maintien de prestations de bon niveau dans le canton.