Petit glossaire

Quelques définitions de termes couramment employés dans le cadre des interventions sur le patrimoine bâti

Altération 

Modification de l’état qui réduit l’intérêt patrimonial ou la stabilité.

La stabilité peut être physique, chimique, biologique, etc.

Bien que l’altération ait généralement une connotation négative, elle peut parfois être considérée comme contribuant à augmenter l’intérêt patrimonial (patine).

Authenticité

Degré selon lequel l’identité d’un bien correspond à celle qui lui est attribuée.

Il convient de ne pas confondre le concept d’authenticité avec celui d’originalité.

«Comme l’authenticité dépend de la nature du patrimoine culturel et de son contexte culturel, les jugements d’authenticité peuvent être liés à la valeur d’un large éventail de sources d’informations. Ces dernières peuvent se présenter sous divers aspects, tels que : forme et conception, matériaux et substance, usage et fonction, traditions et techniques, situation emplacement, esprit et impression, et d’autres aspects extérieurs. L’utilisation de ces sources permet d’établir les dimensions spécifiques, artistiques, historiques, sociales et scientifiques du patrimoine culturel étudié.» (ICOMOS, déclaration d’engagement éthique des membres, Madrid, novembre 2002).

Biens culturels

«Un objet du passé auquel la société reconnaît une valeur de témoignage.» (Charte de Venise, 1964).

«Par patrimoine culturel, il faut entendre les productions et expressions qui, de la préhistoire à nos jours, présentent, pour la communauté neuchâteloise de l'importance comme témoins, en particulie, de la vie artistique, scientifique, politique, économique, sociale et spirituelle.

Le patrimoine culturel peut se présenter sous forme: 1) matérielle (objets immobiliers ou mobiliers, fonds documentaires, fonds d'archives publiques) et 2) immatérielle.» (art. 2 de la Loi sur la sauvegarde du patrimoine culturel du canton de Neuchâtel, 2018).

Conservation

«Ensemble d’opérations visant à comprendre une œuvre, à connaître son histoire et sa signification, à assurer sa sauvegarde matérielle et, éventuellement, sa restauration et sa mise en valeur.» (Conférence de NARA, 1994).

«On entend par conservation tous les processus d’entretien d’un lieu dans le but d’en conserver l’importance culturelle. Cela peut comprendre, selon les circonstances, les processus de maintien ou de réintroduction d’un usage, les processus de maintien de souvenirs et de significations, les processus de maintenance, de préservation, de restauration, de reconstruction, d’adaptation et d’interprétation et implique le plus souvent une association de plusieurs de ces processus.» (ICOMOS, déclaration d’engagement éthique des membres, Madrid, novembre 2002).

Conservation-restauration

«L’ensemble des mesures et actions ayant pour objectif la sauvegarde du patrimoine culturel matériel, tout en en garantissant son accessibilité aux générations présentes et futures. La conservation-restauration comprend la conservation préventive, la conservation curative et la restauration. Toutes ces mesures et actions doivent respecter la signification et les propriétés physiques des biens culturels.» (ICOM-CC New-Delhi, 2008).

Conservation préventive

Mesures et actions visant à éviter ou à limiter dans le futur une dégradation, une détérioration et une perte et, par conséquent, toute intervention invasive.

Conservation curative

Actions entreprises directement sur un bien pour arrêter une détérioration et/ou limiter une dégradation.

Entretien

Actions périodiques de conservation préventive visant à maintenir un bien dans un état approprié afin qu’il conserve son intérêt patrimonial.

Exemples : Nettoyage des gouttières, graissage des machines en état de fonctionnement, dépoussiérage du mobilier, etc.

Importance culturelle

«On entend par importance culturelle les valeurs esthétiques, scientifiques ou sociales pour les générations passées, présentes et futures. L’importance culturelle est incarnée par le lieu, le site ou le monument lui-même, sa texture, son décor, ses associations d’usage, significations, mémoires, lieux et objets associés.» (ICOMOS, déclaration d’engagement éthique des membres, Madrid, novembre 2002).

Intérêt patrimonial

Combinaison de toutes les valeurs assignées à un bien.

Reconstruction

Construction d’un édifice ou d’un ensemble d’édifices en totalité ou en partie, dans le respect ou non de la forme initiale, après qu’ils aient été détruits ou fortement endommagés. Une reconstruction peut inclure des opérations de reconstitution.

Reconstitution

Rétablissement d’un bien dans sa forme initiale présumée en utilisant des matériaux existants ou de substitution.

La reconstitution respecte l’intérêt patrimonial du bien et se fonde sur des preuves.

La reconstitution peut être physique ou virtuelle.

Dans certaines communautés professionnelles, le terme «restauration» est utilisé à la place de reconstitution, tel que défini ci-dessus.

Réfection à l’identique

Opération de conservation curative ou de réparation consistant à remplacer dans un matériau neuf le matériau d’origine, trop dégradé pour pouvoir être conservé en place. La réfection dite «à l’identique» reprend la forme exacte de l’œuvre, de la partie d’œuvre ou de bâtiment remplacée, ce qui suppose que celle-ci soit suffisamment lisible pour pouvoir être reproduite. On emploiera plutôt le terme de reconstitution pour dénommer une opération consistant à rétablir dans sa forme initiale une œuvre, une partie d’œuvre ou de bâtiment ayant disparu.

Réhabilitation

Interventions sur un bien immobilier afin de lui restituer une fonctionnalité antérieure présumée, de l’adapter à une fonction différente ou à des normes de confort, de sécurité et d’accès.

Il convient de fonder la réhabilitation sur des preuves évaluées, en prenant en compte l’intérêt patrimonial.

En général, la réhabilitation n’est pas une activité de conservation-restauration, mais peut impliquer des actions de conservation-restauration.

Rénovation

Action de rénover un bien sans nécessairement respecter son matériau ou son intérêt patrimonial.

La rénovation n’est pas une activité de conservation-restauration.

Un programme de rénovation peut cependant impliquer des actions de conservation-restauration.

Réparation

Actions entreprises sur un bien ou une partie de celui-ci afin de lui restituer sa fonctionnalité et/ou son aspect.

La réparation est une action de restauration uniquement si elle respecte l’intérêt patrimonial et si elle est fondée sur des preuves.

La réparation est généralement considérée comme une activité de conservation curative dans le domaine du patrimoine culturel immobilier.

Restauration

Actions entreprises sur un bien en état stable ou stabilisé, dans le but d’en améliorer l’appréciation, la compréhension et/ou l’usage, tout en respectant son intérêt patrimonial et les matériaux et techniques utilisés.

Dans certaines communautés professionnelles, notamment dans le domaine du patrimoine culturel immobilier, le terme restauration couvre traditionnellement l’ensemble du domaine de la conservation.

La conservation curative est souvent mise en œuvre en même temps que la restauration.

«La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle s’arrête là où commence l’hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et portera la marque de notre temps. La restauration sera toujours précédée et accompagnée d’une étude archéologique et historique du monument.» (Charte de Venise, 1964).

Restitution

«Restituer un monument, un édifice, faire le plan, la représentation d’un édifice en ruine». Les notions de restitution et de reconstitution sont souvent confondues. A l’origine, la restitution est un projet graphique d’architecte ; elle consiste à représenter un objet, un édifice ou un ensemble dans son état initial supposé, en fonction de critères de plus grand probabilité, par déduction à partir des éléments conservés ou en comparaison avec des œuvres similaires ou appartenant à un même ensemble. Une restitution peut être exprimée au moyen de plans, de dessins, de maquettes, d’images animées, etc. La restitution repose généralement sur des hypothèses qui ne peuvent pas toujours être vérifiées ; la reconstitution est fondée sur des preuves.

Substance

Substance matériel / historique / patrimoniale : corps dont une chose est constituée.

«Toute restauration doit se fixer pour but de préserver l’authenticité de l’objet ; elle ne peut donc donner à celui-ci une apparence que les critères actuels qualifieraient de parfaite, elle doit au contraire insister sur la préservation de son caractère, de sa patine, y compris même des petites détériorations survenues au cours du temps (valeur d’ancienneté).» (B. Furrer, «Principes pour la conservation du patrimoine bâti en Suisse», Tracés, 18, 19 septembre 2007, p. 41).

Valeurs

Indication de l’importance que des individus ou une société attribuent à un bien.

La valeur peut être de différents types, par exemple : artistique, symbolique, historique, sociale, économique, scientifique, technologique, etc.

La valeur assignée peut varier selon les circonstances, par exemple selon la méthode d’évaluation, le contexte et le moment où cette évaluation est réalisée. Quand elle est indiquée, il convient que le type de valeur considéré soit toujours précisé.

«On entend par valeurs les croyances qui ont de l’importance aux yeux d’un groupe culturel ou d’un individu. Elles incluent souvent des croyances spirituelles, politiques, religieuses et morales, sans toutefois se limiter à celles-ci. Les valeurs attachées à un lieu peuvent varier en fonction des individus ou des groupes et elles sont perpétuellement renégociées.» (ICOMOS, déclaration d’engagement éthique des membres, Madrid, novembre 2002).